- V3-160
- 0+497|CDXCVII
- Vailhé, LETTRES, vol.3, p.160
- 1 MALADIES
1 MEDECIN
1 SOINS AUX MALADES
1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
2 CHERUEL, PIERRE-PAUL
2 SEMENENKO, PIERRE
3 ROME - AU R. P. JEROME KAJZIEWICZ.
- KAJZIEWICZ Jérôme cr
- le 8 décembre 1846.
- 8 dec 1846
- Nîmes,
Mon bien cher confrère et Révérend Père,
Je vous remercie de votre bon souvenir; veuillez me le continuer toujours(1). Au milieu de vos projets pour la gloire de Dieu, souvenez-vous qu’il y a quelqu’un qui fait les voeux les plus ardents pour que vos plans puissent s’exécuter, parce qu’ils semblent tendre uniquement au triomphe de l’Eglise.
Je suis au désespoir de vous dire que je ne puis guère garder le P. Semenenko que par force. Il voudrait loger en ville. Je m’y oppose, parce que (ce serait sans doute plus commode pour moi) je comprends la responsabilité que j’ai acceptée à votre égard. Mais puis-je le garder? Sa tête déménage. L’autre jour, après avoir brossé son parapluie comme un habit, il l’ouvrit et se promena une demi-heure en le portant tout autour de l’infirmerie. Une autre fois, il se persuada que sa chambre était trop froide, et s’enveloppant d’une couverture, il alla se coucher tout habillé dans un lit de l’infirmerie, où sûrement il eut plus froid. Vous comprenez qu’avec des enfants et l’exiguïté de notre local, il est difficile que cela ne se sache pas et ne fasse pas un mauvais effet. Il a eu quelques discussions avec des professeurs, que j’ai reprochées à ceux-ci, parce que son cerveau en a ressenti de pénibles ébranlements. Remarquez que ces discussions portaient sur des points théologiques et n’avaient de désagréables que les conséquences pénibles sur le cerveau de notre cher malade.
Voyez, mon cher Père, si dans votre prudence vous ne trouverez pas avantageux de le déplacer. Je dois ajouter que notre médecin trouve notre climat peu favorable pour sa poitrine; mais ce qui me préoccupe surtout, c’est sa tête. Nous vous le garderons encore, tant que vous voudrez; mais songez pourtant qu’il nous serait bien douloureux de le voir tomber dans un état où sa raison s’affaissât complètement. C’est ce que le médecin redoute le plus.
Je vous remercie des détails précieux que vous me donnez sur Rome. Vous seriez bien aimable de m’en transmettre de temps en temps. N’oubliez pas M. Chéruel.
Adieu, mon bien cher et Révérend Père. Priez pour moi aux tombeaux des apôtres, et croyez à mon inaltérable et respectueux dévouement.
E. d'Alzon.