- V3-126
- 0+484|CDLXXXIV
- Vailhé, LETTRES, vol.3, p.126
- 1 CLERGE NIMOIS
1 DIPLOMATIE
1 EPISCOPAT
1 FRANCHISE
1 NOMINATIONS
1 PRESSE
2 CART, JEAN-FRANCOIS
2 ROSSI, PELLEGRINO
3 BESANCON
3 FRANCE
3 NIMES - A MONSIEUR L'ABBE BONNECHOSE (1).
- BONNECHOSE Abbé
- le 6 septembre 1846.
- 6 sep 1846
- Lavagnac,
Monsieur l’abbé,
L’Eglise de Nîmes est menacée de perdre son évêque. A cette nouvelle, une pétition a été préparée et se signe en ce moment pour demander qu’on nous le conserve. Je ne dois pas vous dissimuler, Monsieur l’abbé, quelque peine que j’aie à vous tenir ce langage, que si cette démarche se fait avec quelque empressement, cela(2) est dû moins au regret de perdre Mgr Cart qu’à la crainte de vous voir lui succéder. Je n’ai pas l’honneur de vous connaître personnellement et j’avais entendu parler de vous avec avantage par notre évêque, qui vous avait connu à Besançon. Malheureusement, les journaux vous ont reproché certaines connivences diplomatiques, dont vous n’avez pas cru devoir vous disculper. Or, venir à Nîmes sous le poids de pareilles accusations, c’est vouloir vous préparer un avenir intolérable. Vous ne connaissez pas les Nîmois. Demandez à notre évêque quels déboires il a eu à essuyer pour avoir, par mégarde, donné à dîner, le 21 janvier, aux autorités locales(3). Je ne parle pas du clergé qui, s’il ne vous fait pas une opposition ouverte, tout au moins vous tiendra à distance.
Il est possible que la Providence vous destine à l’épiscopat, mais permettez-moi de vous le dire, ce n’est pas dans le diocèse de France où les susceptibilités catholiques sont le plus vives et où l’on fait sentir des répugnances qu’on trouve légitimes de la manière la plus désagréable, quand on ne croit pas devoir en venir à une lutte ouverte.
Veuillez, Monsieur l’abbé, pardonner la rudesse de mon langage: il est dicté par une franchise qui, tout en vous manifestant ses craintes, n’en est pas moins disposée à accueillir des explications dont personnellement je pourrais me contenter, mais dont le diocèse en masse ne se contentera pas.
Je suis, avec respect, Monsieur l’abbé, votre très humble et obéissant serviteur.
E. d'Alzon,|*vicaire général de Nîmes*.2. Les deux manuscrits de la minute portent: "il est dû".
3. Donner un dîner officiel le jour de l'exécution de Louis XIV est encore regardé dans certains milieux comme une profanation.