- V2-411
- 0+440|CDXL
- Vailhé, LETTRES, vol.2, p.411
- 1 NOEL
1 NUTRITION
2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
2 BAYARD, CHANOINE
2 GAIDAN, ANTOINETTE
2 GAIDAN, CHARLES
2 MONSTERLET, EUGENE
2 THIVOLLE, ABBE
2 TOUPIN, CHANOINE
2 VERNET, FELIX - A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- le 20 décembre 1845.
- 20 dec 1845
- Nîmes,
Ma Révérende Mère,
Je dois à l’obligeance de Mlle de Balincourt et de Mlle Gaidan(2) de pouvoir vous offrir notre nougat traditionnel. Passer Noël sans nougat serait pour un Nîmois un malheur sans consolation. Vous jugerez par vous-même si la privation d’un pareil objet est réellement aussi digne de regret. Il faut vous prévenir que le nougat se mange. Vous le mangerez donc, si vous pouvez. Je souhaite que vous le trouviez bon. Je serais enchanté que votre goût confirme celui des méridionaux.
Je suis avec respect, ma Révérende Mère, votre très humble et obéissant serviteur.
1. D'après un copie.
2. Mlle Gaidan reçut du P. d'Alzon un nombre assez considérable de lettres qui malheureusement semblent perdues. Elle avait souscrit en 1893 pour la statue du P. d'Alzon, que l'on érigea à Nîmes dans la cour du collège, et elle mourut chez une belle-soeur, aux environs de Romans (Drôme). en 1895, semble-t-il. Elle laissait 65 lettres du père, réunies en petits paquets, sur lesquels elle avait écrit: *à brûler après ma mort*. Sa famille, ne pouvant se résoudre à lui obéir, consulta le chanoine Toupin, aumônier de la Visitation à Romans, qui se fit céder les lettres dans l'intention de rédiger, un jour, un petit travail sur ce sujet. Malgré toutes les démarches écrites et orales auprès de ce chanoine, il fut impossible d'en obtenir les lettres du P. d'Alzon. Deux lettres du P. Eugène Monsterlet, datées des 18 avril et 4 juillet 1896, qui fit lui-même le voyage de Romans, donnent toutes les indications là-dessus. Tout au plus, le chanoine Toupin consentit à envoyer la copie d'une lettre. La lettre qu'il écrivit lui-même au P. Monsterlet, le 2 juillet 1896, fournit tous les renseignements désirables sur la correspondance perdue depuis. La voici: "Je viens d'achever la lecture attentive de ces lettres, lecture que j'avais faite, lors de votre visite, très superficiellement. Il y en a an tout 65. Elles sont adressées à Mlle Antoinette Gaidan, personne d'un esprit très cultivé et d'une, rare, piété. Le P. d'Alzon, qui lui portait un tendre intérêt, n'a pas peu contribué à faire d'elle une sainte. Il lui avait donné un règlement qu'elle a fidèlement observé jusqu'à la fin de sa vie. La vertu qu'il lui prêche le plus souvent est *la force*, et ce qu'il a réussi à faire d'elle a été, en effet *mulierem fortem* et forte contre elle-même, forte au milieu de grandes épreuves.
La famille Gaidan, que j'ai naguère consultée à nouveau au sujet de cette correspondance, est d'avis qu'elle doit être non pas détruite, suivant le désir que la destinataire a laissé par écrit, mais utilisée très discrètement dans le travail qui m'a été proposé. Quel est ce travail? Le voici en quelques mots. Mlle Gaidan avait un frère qui, s'étant engagé à dix-sept ans, perdit au régiment la foi à un tel point qu'il devint un incrédule blasphémateur et désespéré. Il lui arrivait d'écrire à sa soeur qu'il se proposait de souffleter son colonel afin de se faire condamner à être fusillé. Sa soeur tenta de le ramener à Dieu, ayant le P. d'Alzon pour confident et conseiller; elle y réussit enfin. Charles Gaidan renonça à son grade, entra au noviciat des Dominicains, fut ordonné prêtre et mourut à Saint-Maximin de la mort des saints, en juillet 1865, après sept années de profession et quatre de sacerdoce. Le P. d'Alzon lui avait dit, alors qu'il blasphémait Dieu et se noyait dans le vice: *Vous vous convertirez, mais la grâce ne descendra sur vous qu'avec les larmes de votre soeur. "C'est le récit de cette conversion qu'on m'a proposé d'entreprendre d'après une correspondance vraiment émouvante. Dieu m'en donne-t-il le temps et la force?"
La fin de la lettre du chanoine n'a plus d'intérêt. En 1923, pensant bien qu'il était mort, on fit entreprendre des démarches pour retrouver ses papiers et peut-être les lettres du P. d'Alzon. Deux amis, intelligents et dévoués, l'abbé Félix Vernet et le chanoine Bayard, ancien alumniste, s'y employèrent de leur mieux. De leurs lettres, datées du 3 septembre et du 9 octobre 1923, il ressort que les papiers du chanoine Toupin échurent après sa mort à l'abbé Thivolle, curé de Saint-Marcel-lès-Valence, et que les fameuses lettres ne s'y trouvaient pas On nous dit, il es vrai, qu'avant l'abbé Thivolle plusieurs avaient passé chez le chanoine, faisant main basse sur des manuscrits et sur autre chose. Il est possible aussi que le dit chanoine, voyant l'intérêt que l'on prenait à cette correspondance, l'ait détruite de son vivant. Il s'était ingénié à ce qu'on l'ignorât, et, une fois qu'on en sut l'existence, à la cacher à tous les regards.
Quant à Mlle de Balincourt, dont le frère suivait alors les cours de l'Assomption, elle devait entrer, un peu plus tard, chez les religieuses de l'Assomption, à Paris.
2. Mlle Gaidan reçut du P. d'Alzon un nombre assez considérable de lettres qui malheureusement semblent perdues. Elle avait souscrit en 1893 pour la statue du P. d'Alzon, que l'on érigea à Nîmes dans la cour du collège, et elle mourut chez une belle-soeur, aux environs de Romans (Drôme). en 1895, semble-t-il. Elle laissait 65 lettres du père, réunies en petits paquets, sur lesquels elle avait écrit: *à brûler après ma mort*. Sa famille, ne pouvant se résoudre à lui obéir, consulta le chanoine Toupin, aumônier de la Visitation à Romans, qui se fit céder les lettres dans l'intention de rédiger, un jour, un petit travail sur ce sujet. Malgré toutes les démarches écrites et orales auprès de ce chanoine, il fut impossible d'en obtenir les lettres du P. d'Alzon. Deux lettres du P. Eugène Monsterlet, datées des 18 avril et 4 juillet 1896, qui fit lui-même le voyage de Romans, donnent toutes les indications là-dessus. Tout au plus, le chanoine Toupin consentit à envoyer la copie d'une lettre. La lettre qu'il écrivit lui-même au P. Monsterlet, le 2 juillet 1896, fournit tous les renseignements désirables sur la correspondance perdue depuis. La voici: "Je viens d'achever la lecture attentive de ces lettres, lecture que j'avais faite, lors de votre visite, très superficiellement. Il y en a an tout 65. Elles sont adressées à Mlle Antoinette Gaidan, personne d'un esprit très cultivé et d'une, rare, piété. Le P. d'Alzon, qui lui portait un tendre intérêt, n'a pas peu contribué à faire d'elle une sainte. Il lui avait donné un règlement qu'elle a fidèlement observé jusqu'à la fin de sa vie. La vertu qu'il lui prêche le plus souvent est *la force*, et ce qu'il a réussi à faire d'elle a été, en effet *mulierem fortem* et forte contre elle-même, forte au milieu de grandes épreuves.
La famille Gaidan, que j'ai naguère consultée à nouveau au sujet de cette correspondance, est d'avis qu'elle doit être non pas détruite, suivant le désir que la destinataire a laissé par écrit, mais utilisée très discrètement dans le travail qui m'a été proposé. Quel est ce travail? Le voici en quelques mots. Mlle Gaidan avait un frère qui, s'étant engagé à dix-sept ans, perdit au régiment la foi à un tel point qu'il devint un incrédule blasphémateur et désespéré. Il lui arrivait d'écrire à sa soeur qu'il se proposait de souffleter son colonel afin de se faire condamner à être fusillé. Sa soeur tenta de le ramener à Dieu, ayant le P. d'Alzon pour confident et conseiller; elle y réussit enfin. Charles Gaidan renonça à son grade, entra au noviciat des Dominicains, fut ordonné prêtre et mourut à Saint-Maximin de la mort des saints, en juillet 1865, après sept années de profession et quatre de sacerdoce. Le P. d'Alzon lui avait dit, alors qu'il blasphémait Dieu et se noyait dans le vice: *Vous vous convertirez, mais la grâce ne descendra sur vous qu'avec les larmes de votre soeur. "C'est le récit de cette conversion qu'on m'a proposé d'entreprendre d'après une correspondance vraiment émouvante. Dieu m'en donne-t-il le temps et la force?"
La fin de la lettre du chanoine n'a plus d'intérêt. En 1923, pensant bien qu'il était mort, on fit entreprendre des démarches pour retrouver ses papiers et peut-être les lettres du P. d'Alzon. Deux amis, intelligents et dévoués, l'abbé Félix Vernet et le chanoine Bayard, ancien alumniste, s'y employèrent de leur mieux. De leurs lettres, datées du 3 septembre et du 9 octobre 1923, il ressort que les papiers du chanoine Toupin échurent après sa mort à l'abbé Thivolle, curé de Saint-Marcel-lès-Valence, et que les fameuses lettres ne s'y trouvaient pas On nous dit, il es vrai, qu'avant l'abbé Thivolle plusieurs avaient passé chez le chanoine, faisant main basse sur des manuscrits et sur autre chose. Il est possible aussi que le dit chanoine, voyant l'intérêt que l'on prenait à cette correspondance, l'ait détruite de son vivant. Il s'était ingénié à ce qu'on l'ignorât, et, une fois qu'on en sut l'existence, à la cacher à tous les regards.
Quant à Mlle de Balincourt, dont le frère suivait alors les cours de l'Assomption, elle devait entrer, un peu plus tard, chez les religieuses de l'Assomption, à Paris.