- V2-372
- 0+427|CDXXVII
- Vailhé, LETTRES, vol.2, p.372
- 1 AMOUR-PROPRE
1 EMBARRAS FINANCIERS
1 GUERISON
1 HABIT RELIGIEUX
1 LIVRES
1 MATIERES SCOLAIRES
1 PATERNITE SPIRITUELLE
1 POSTULANT
1 RECEPTION DES SACREMENTS PAR LE LAIC
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 UNIVERSITES D'ETAT
2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
2 ALZON, HENRI D'
2 ALZON, MADAME HENRI D'
2 BEILING, ADOLPHE
2 BEILING, MADAME
2 BOURDET, MARIE-FRANCOISE
2 DUBOSC, MADEMOISELLE
2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
2 GOURNAND, MADEMOISELLE
2 GRATRY, ALPHONSE
2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
3 BORDEAUX
3 PARIS - A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- le 22 novembre 1845.
- 22 nov 1845
- [Nîmes],
Ma chère enfant,
Je laisse une longue lettre, que les inspecteurs de l’Université m’ont fait interrompre, et je les laisse eux-mêmes faire ce qui leur plaît dans mes classes, pour vous dire que je m’agite tant que je puis pour vous trouver les 15,000 francs, mais que les Carmélites ne voulant pas s’en dépouiller sur-le-champ, et, de plus, un individu voulant que, le 28, je lui paye 10,000 francs, je suis un peu embarrassé, à cause des lenteurs qu’emporte l’adhésion nécessaire de mes parents, soit à l’emprunt, soit à la vente d’une terre. Mon père est à la campagne, ma mère à Paris ou à Bordeaux; il faut un temps énorme pour avoir leur avis. Vraiment, je n’ose vous dire de compter, pour le 15, sur autre chose que sur les 9000 francs que vous avez, et dont je tâcherai de me passer. Vous dire à quel point je suis mortifié de ne pouvoir vous offrir davantage pour le moment est quelque chose d’impossible. Je ne me croyais pas tant d’amour-propre avec vous. Je crois pourtant que ce n’est pas de l’amour-propre.
Adolphe traduit avec moi de l’allemand. Ne pourriez-vous pas nous procurer un livre de 500 pages environ, que je lui ferais traduire en le corrigeant de mon mieux? Il trouverait là quelques ressource de plus pour sa mère.
Ce que vous me dites pour l’abbé Gratry me fait grand plaisir. Il faut le ménager, et puisque l’influence occulte se fait sentir, il faut en profiter. Je ne puis vous cacher que je crois sa philosophie très capable d’être menée par le bout du nez, au moyen de quelques phrases mystiques. Il faut seulement qu’on sache connaître celles qui vont à son oreille.
J’attends avec je ne sais quel empressement mon costume revu et corrigé, mais je crois que quelques-uns de nos jeunes gens l’attendent avec plus d’empressement encore. Je suis obligé de modérer leur ardeur. Ils voudraient prendre l’habit au plus tôt; je veux m’y opposer: 1° afin de ne pas trop nous faire remarquer; 2° parce que je veux savoir si, pour quelques-uns, ce ne sera pas feu de paille.
Je pense, d’ici à un mois, pouvoir vous expédier:
1° Mlle Bourdet, qui n’aura probablement rien(2). C’est une enfant très bonne, mais dont le caractère a besoin d’être dompté. Je crains qu’elle n’ait un peu donné ici dans les caquetages de dévotes; mais elle est assez jeune pour perdre cet esprit, et je la crois capable de se former.
2° Mlle Achard, dont vous serez, je crois, contente: elle a des moyens, de la douceur -sous ce rapport elle a été formée à une bonne école;- elle aura un jour de 30,000 à 40,000 francs, mais pour le moment peu de chose, et je ne sais pas bien quoi, parce que tout dépend d’un oncle.
3° Mlle d’Everlange, qui veut absolument vous porter une pension de cinq à six cents francs, et à qui j’ai eu toutes les peines du monde à persuader que vous préfériez une somme fixée à un trousseau qu’elle voulait faire préparer ici.
J’en prépare deux ou trois autres mais ce sera pour plus tard (non pas des trousseaux, mais des filles). Quant à Mlle Gournand, le résumé de la lettre de Mlle Dubosc est qu’elle a été dans trois couvents, d’où on l’a renvoyée. Elle a été du moins au Sacré-Coeur, comme elle l’avoue dans une lettre que j’ai lue, quoiqu’elle n’en convienne pas en public. Elle est très compromettante par sa manière de parler des confesseurs. Elle n’a rien de solide dans l’esprit, voulant un jour une chose, un jour une autre, ce qui fait croire à Mlle Dubosc qu’à moins que l’Assomption ne fût le lieu qui lui était destiné pour son repos, vous n’aurez pas la peine de la renvoyer. Mlle Dubosc m’envoya une lettre de cette bonne fille, avec prière de la lui rendre, et il suffit de la lire pour juger que cet esprit, à moins d’un changement miraculeux, ne vous irait pas longtemps. Voilà tout ce que ma mémoire me fournit, et il me semble qu’il y en a bien assez.
Il paraît qu’Adolphe n’a pas été trop changé par votre dissertation sur la fréquentation des sacrements: il ne fait pas encore mine de vouloir s’en approcher. J’ai envie de lui parler franchement.
Dites, je vous prie, à Soeur Marie-Gonzague que je la conjure de se guérir au plus tôt, qu’autrement je ne croirais plus à l’efficacité de mes prières; ce qui me ferait grande peine.
Il faut que je vous quitte, mais non sans vous dire, ma chère enfant, combien je voudrais vous être un meilleur père. Voyez, après toutes mes offres d’argent, je ne puis rien, quand le moment arrive. Je ne suis pas très bon, ces jours-ci; cependant, je prends de bonnes résolutions.
Adieu, ma chère enfant. Tout à vous en Notre-Seigneur.
Veuillez demander à Soeur Th[érèse]-Em[manuel] où elle en est de ses quinze samedis. J’en ai oublié deux ou trois, mais je les reprendrai plus tard. Est-ce que je ne verrai jamais de son écriture?
2. Thérèse Bourdet entra à l'Assomption en décembre 1845 sous le nom de Soeur Marie-Françoise et fut une excellente religieuse. il en est souvent question dans *Les origines de l'Assomption*.