- V2-262
- 0+388|CCCLXXXVIII
- Vailhé, LETTRES, vol.2, p.262
- 1 CARDINAL
1 DIPLOMATIE
1 EVEQUE
1 NONCE
1 NOVICIAT
1 PRESSE
1 RECONNAISSANCE
2 FORNARI, RAFFAELE
2 GREGOIRE XVI
2 LAMBRUSCHINI, LUIGI
2 LOUIS-PHILIPPE Ier
2 ROOTHAAN, JEAN-PHILIPPE
2 ROSSI, PELLEGRINO
2 SALVANDY, NARCISSE DE
2 VEUILLOT, EUGENE
2 VEUILLOT, LOUIS
3 ABOUKIR
3 GRENOBLE
3 LYON
3 NEUILLY-SUR-SEINE
3 PARIS
3 ROME - A MONSEIGNEUR CART, EVEQUE DE NIMES(1).
- CART Mgr
- lundi (le 7 juillet 1845).
- 7 jul 1845
- [Paris],
Monseigneur,
Je présume que vous êtes désireux de savoir à quoi vous en tenir sur toutes les contradictions des journaux au sujet de la grande affaire des Jésuites. Voici le fait bien positif. Il n’y a pas à s’y tromper.
Il y a huit jours, le nonce étant à Neuilly fut chargé par L[ouis]-P[hilippe] de remercier le Pape de tout ce qu’il avait mis de complaisance à accorder ce que M. Rossi demandait. On fit venir le courrier extraordinaire qui venait d’arriver de Rome et qui affirmait que la nouvelle détermination du Saint-Père l’avait rajeuni de vingt ans. Le pauvre nonce, qui n’avait pas de nouvelles, était dans un état affreux.
Enfin, hier, à 10 heures du matin, après que tous les journaux eurent annoncé ce que le Messager avait publié la veille au soir(2), arrive une dépêche qui déclara que la réponse des cardinaux est bien authentique, que M. Rossi a complètement échoué, qu’il a été jusqu’à retirer son memorandum, parce que le cardinal Lambruschini avait déclaré que, si on lui donnait une réponse officielle, la note serait polie, mais négative et ferme(3).
Le Pape a fait venir le Général des Jésuites pour lui dire qu’il n’exigeait rien, mais que c’était à lui de voir ce qu’il aurait à faire. M. Rossi est allé très souvent chez le P. Roothan, qui a accordé bénévolement que les maisons de Paris et de Lyon seraient dispersées, que les noviciats seraient changés de place, qu’à Grenoble on diminuerait la maison ou qu’on la disperserait -je ne me rappelle plus bien lequel des deux,- mais tout cela serait purement officieux. On pense qu’une manifestation des évêques en cette circonstance pourrait faire du bien, mais on n’ose pas les y engager.
Je suis, pour moi, dans la position la plus amphibologique. Le malheur des Jésuites assure le succès de mon affaire, et pourtant je préfère que Rome ne se soit pas déshonorée, comme nous l’avions craint un moment, et que les choses aillent moins bien pour moi.
Voilà huit jours que je fais l’impossible pour pénétrer jusque chez M. de Salvandy. Il m’a été impossible de le voir, et à présent il me faut l’attendre, ce qui est assez ennuyeux. Presque toutes mes connaissances sont à la campagne, et je n’ai plus personne à voir.
Adieu, Monseigneur. Je termine rapidement cette lettre, afin que le courrier de ce soir puisse l’emporter. Veuillez agréer l’hommage de mon humble et tout respectueux dévouement.
E. d’Alzon.
Le nonce désire que tout ce que je vous apprends ne soit pas censé venir de chez lui; mais vous pouvez l’annoncer.
E.D'ALZON2. Dès le matin du 5 juillet, le journal *la Presse* annonça le succès à Rome de l'ambassadeur français Rossi contre les Jésuites; le soir de ce jour, *le Messager* publia la déclaration officielle de la dissolution de la Compagnie de Jésus. D'après Louis Veuillot, l'abbé d'Alzon séculier trouvait alors à la salle de rédaction de l'*Univers*, voir sa *Vie* par son frère, t. II, p. 57. Dans les lettres de notre fondateur, écrites à l'occasion de cette triste affaire, on relève bien des détails qui confirment ou complètent le récit qu'en a donné Eugène Veuillot. En réalité, comme il ressort de tous les documents cités même des lettres personnelles de Grégoire XVI, les Jésuites durent par ordre fermer en France un certain nombre de leurs établissements, mais en même temps on leur permit de déclarer qu'ils l'avaient fait de leur propre gré. Le correspondant romain de l'*Univers* écrivait alors à Veuillot: "Soutenez que le Général a pris l'initiative de tout ce qui sera fait, vous ne serez pas démenti; mais sachez pour vous diriger que, cependant, il n'a pas été tout à fait libre." (*Louis Veuillot*, t. II, p. 58.)2. Dès le matin du 5 juillet, le journal *la Presse* annonça le succès à Rome de l'ambassadeur français Rossi contre les Jésuites; le soir de ce jour, *le Messager* publia la déclaration officielle de la dissolution de la Compagnie de Jésus. D'après Louis Veuillot, l'abbé d'Alzon séculier trouvait alors à la salle de rédaction de l'*Univers*, voir sa *Vie* par son frère, t. II, p. 57. Dans les lettres de notre fondateur, écrites à l'occasion de cette triste affaire, on relève bien des détails qui confirment ou complètent le récit qu'en a donné Eugène Veuillot. En réalité, comme il ressort de tous les documents cités même des lettres personnelles de Grégoire XVI, les Jésuites durent par ordre fermer en France un certain nombre de leurs établissements, mais en même temps on leur permit de déclarer qu'ils l'avaient fait de leur propre gré. Le correspondant romain de l'*Univers* écrivait alors à Veuillot: "Soutenez que le Général a pris l'initiative de tout ce qui sera fait, vous ne serez pas démenti; mais sachez pour vous diriger que, cependant, il n'a pas été tout à fait libre." (*Louis Veuillot*, t. II, p. 58.)
3. Le 2 juillet, l'*Univers* avait publié une lettre de son correspondant annonçant que la S. Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaire avait décidé à l'unanimité que le Saint-Siège ne devait concourir en aucune manière à la suppression des Jésuites en France. La nouvelle était vraie et put être confirmée quelques jours après. Cette décision sauvegardait les principes, mais la mission de Rossi n'était pas pour cela terminée, comme le concluait à tort le journal catholique, puisque Rossi obtint aussitôt après, par une autre voie, ce qui faisait l'objet de sa mission.