- V1-790
- 0+242|CCXLII
- Vailhé, LETTRES, vol.1, p.790
- 1 ACTION DE GRACES
1 ANGLAIS
1 ANIMAUX
1 BANQUES
1 BATEAU
1 CHOIX
1 CURE
1 DOULEUR
1 LIVRES
1 LOISIRS
1 MALADIES
1 MARIAGE
1 NEUVAINES DE PRIERES ET DE PENITENCES
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 PROVIDENCE
1 SANTE
1 SERMONS
1 VOL
1 VOYAGES
2 AURIOL, D'
2 BORE, EUGENE
2 COMBALOT, THEODORE
2 GREGOIRE XVI
2 LA GOURNERIE, EUGENE DE
2 LAMENNAIS, FELICITE DE
2 MAC CARTHY, CHARLES
2 RIO, ALEXIS-FRANCOIS
2 RIO, MADAME ALEXIS
2 ROUSSEL, ALFRED
2 VENTURA, GIOACCHINO
2 VERNIERES, JACQUES
2 WISEMAN, NICOLAS
3 LAVAGNAC
3 MILAN
3 MONTFERRIER-SUR-LEZ
3 PARIS
3 ROME
3 ROME, COLLEGE ANGLAIS
3 VENISE - A SA SOEUR AUGUSTINE (1).
- ALZON_AUGUSTINE
- le 14 mars 1835.
- 14 mar 1835
- Rome,
- Mademoiselle
Mademoiselle Augustine d'Alzon,
rue de Varennes, n° 4.
Paris.
Enfin, je reçois ta lettre du 26 février. Je pourrais m’inquiéter de son retard, si je ne voyais assez évidemment que d’autres l’ont lue avant moi. Quoi qu’il en soit, je te remercie des détails que tu me donnes. J’aurais beaucoup voulu pouvoir lire cette préface en entier(2), mais il a fallu me contenter de ce qu’en donne la Revue européenne. Tout cela m’afflige beaucoup; mais il paraît que cette douleur n’est pas la seule qui nous soit réservée. J’ai les plus tristes pressentiments sur une foule d’autres choses. Mon parti est bien pris de ne m’attacher qu’à Dieu.
Croirais-tu, pour te citer un exemple entre mille de ce qui me fait tourner la tête, que dans ce moment il y a à Rome un nombre très considérable d’Anglais de la meilleure société? Or, ces Anglais, la plupart protestants, sont très ébranlés par des sermons et des conférences que leur donne plusieurs fois la semaine le cousin de Mac-Carthy, le docteur Wiseman. Eh bien! ce succès qu’obtient M. Wiseman a été pour certaines gens un motif de le dénigrer auprès du Pape, de sorte qu’il est presque disgracié, parce qu’il fait beaucoup de bien. Il est vrai qu’il ne veut pas permettre que les Jésuites aient la direction du Collège anglais.
Si je voulais entrer dans le détail de ce que j’ai fait ces jours derniers, je te donnerais peut-être des idées plus saines, et plus positives que tu ne parais encore décidée à vouloir en prendre. J’ai, pour mon carnaval, aidé à faire un mariage; Heureusement que je ne suis pour rien dans la décision! C’est quelque chose de fort drôle qu’un mariage bâclé comme celui-là. Tout ce que j’en ai conclu, pour ma part, a été un acte d’actions de grâces à la Providence de ce que je n’avais pas à me marier. Toutefois, je dois te prévenir que tu me parais quelquefois juger sur les apparences, que souvent on est étonné de trouver des qualités très précieuses derrière une tournure tant soit peu pittoresque. C’est pourquoi je te conjure de te défier de ton premier coup d’oeil.
Je ne sais si la neuvaine que je fais dans ce moment pour toi aura quelque heureux résultat, mais je t’avoue que je le désire vivement. Il me prend quelquefois des envies de me mettre à fureter dans la société française, qui dans ce moment se trouve à Rome, pour voir si je ne trouverais personne qui pût te convenir, mais comme il serait fort possible que tu récusasses mon goût, je m’en tiens à lever les mains au ciel. C’est quelque chose pourtant de terrible que de penser que, dans six mois peut-être, je t’aurai mariée.
A propos, où faudra-t-il que j’aille vous chercher? Dans deux mois et demi, comme tu sais, je pars de Rome pour aller vous retrouver. Serez-vous à Paris ou serez [-vous] de retour à Lavagnac? Je voudrais bien, puisque j’y serai, parcourir l’Italie et voir, par exemple, Venise et Milan; mais si vous vous trouvez à Lavagnac, je prendrai tout bonnement le bateau à vapeur, parce qu’alors j’arriverais avec Mac-Carthy qui viendrait passer un mois avec moi. Je te dirai sans mentir que je suis passablement content, toutes les fois que je suppute le temps qui me reste avant de vous retrouver, et que je vois les semaines filer avec une grande rapidité.
Il paraît que la banque romaine est dans de mauvais draps. Le gouverneur se traite de canaille avec les régents. Je m’attends tous les jours à apprendre qu’ils se sont pris aux cheveux. J’ai répondu à la lettre de M. Combalot. Je suis étonné que tu n’eusses pas reçu la lettre, dans laquelle j’avais inséré un billet pour lui, quand la tienne est partie.
On m’a beaucoup engagé à écrire à M. de la M[ennais], non pour lui faire des observations, mais pour lui témoigner de l’intérêt. Je suis fort embarrassé pour le faire. Cependant, je voudrais savoir ce qu’il me répondrait, si je lui demandais franchement ce qu’il veut(3).
J’ai reçu des nouvelles de M. Vernière, qui vient d’être nommé curé à Montferrier(4). Je ne pense pas qu’il veuille y demeurer. Tu me demandes ce que faisait M. Rio à Rome, quand je l’y ai connu; il la faisait voir à sa femme, ce qui est [une] preuve qu’il avait de quoi se promener. En effet, en épousant Miss Jones, il s’est marié par la même occasion avec vingt-cinq mille livres de rente, ce qui est quelque chose de très respectable.
Je voudrais pouvoir te donner des nouvelles, mais je n’en sais absolument aucune. Seulement, pour te tenir au courant de mes faits et gestes, tu sauras que j’ai le projet de me mettre à me promener toutes les après-midi, afin de me mieux porter(5); non pas que je sois malade, mais en cas. Je commencerai demain mon projet promenatoire. Le P. Ventura a la fièvre; M. d’Auriol a la plus jolie petite levrette que l’on puisse imaginer; c’est un bijou. Peut-être la lui volerai-je pour te l’amener; au moins tâcherai-je de te procurer un chien de cette espèce, si toutefois tu en as envie. Car, si tu avais déjà donné un successeur à Miss, je me soucierais peu de me donner la peine de te conduire un animal qui ne te plairait pas.
Adieu, ma chère amie. Il me semble que je t’ai écrit une lettre un peu décousue; mais tu penses bien que je n’irai pas la recommencer, pour faire disparaître les pièces mal rapportées. As-tu des nouvelles du mariage de La Gournerie? Il se marie avec une jeune personne qu’il aime et qu’il estime. Quand trouveras-tu quelqu’un à estimer et aimer?
Adieu. Je t’embrasse de tout mon coeur.
Emmanuel.2. Il s'agit de la préface que La Mennais mit en tête de ses *Troisièmes mélanges*, recueil de ses anciens articles de l'*Avenir*, du *Mémorial catholique*, etc. Ce volume parut entre le 5 et le 17 février 1835. Voir les lettres d'Eugène Bore à La Mennais, des 5 et 19 février 1835. Roussel, *Lamennais intime* p. 340-347.2. Il s'agit de la préface que La Mennais mit en tête de ses *Troisièmes mélanges*, recueil de ses anciens articles de l'*Avenir*, du *Mémorial catholique*, etc. Ce volume parut entre le 5 et le 17 février 1835. Voir les lettres d'Eugène Bore à La Mennais, des 5 et 19 février 1835. Roussel, *Lamennais intime* p. 340-347.
3. L'abbé d'Alzon ne paraît pas avoir écrit à La Mennais à cette occasion; du moins nous n'avons pas trouvé trace de nouveaux rapports épistolaires entre eux avant l'année 1842.
4. Paroisse aux environs de Montpellier.
5. C'est l'usage romain que notre étudiant n'observait guère.