- PM_XIV_439
- 0+581|DLXXXI
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 439.
- Orig.ms. ACR, AD 590; V. *Lettres* III, pp. 360-362 et D'A., T.D. 20, p. 34.
- 1 AMITIE
1 ASSOMPTION
1 AUTEURS SPIRITUELS
1 BONTE
1 COLLEGE DE NIMES
1 CURES D'EAUX
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 FATIGUE
1 GALLICANISME
1 GRADES UNIVERSITAIRES
1 LEVER
1 MAITRES
1 MANQUEMENTS A LA REGLE
1 OUBLI DE SOI
1 PATERNITE SPIRITUELLE
1 PLEIN EXERCICE
1 POLITIQUE
1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
1 RECONNAISSANCE
1 REMEDES
1 SCRUPULE
1 SUPERIEURE
1 VIE DE SACRIFICE
2 BUCHEZ, PHILIPPE
2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
2 CARDENNE, VICTOR
2 CASTAN, LOUIS-CHARLES
2 DOYEN-CAYOL, ALEXANDRE
2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
2 GOBERT
2 IMLE, HENRI-JOSEPH
2 JEANNE DE CHANTAL, SAINTE
2 MICHEL, ERNEST
2 PATY, ISIDORE DE
3 NIMES
3 PARIS - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes le 24 juillet 1848.
- 24 jul 1848
- Nîmes
- Evêché de Nîmes
- *Monsieur*
*Monsieur de Paty Sous-chef*
*à la direction générale des Postes*
*Paris.*
Voilà quelques jours que je suis de retour à Nîmes, ma chère fille, et je cherche un moment pour vous écrire. Votre lettre du 15 voudrait une longue réponse et je ne savais où trouver le temps de la faire, comme j’aurais voulu. Je dois d’abord vous dire qu’elle me met le coeur au large et j’espère que vous vous en trouverez bien; car, puisque vous reprenez confiance, il est impossible que vous ne vous aperceviez pas de ce que vous aviez cru ne plus voir chez moi. Je ne sais pourquoi, sinon parce que Dieu le veut ainsi, mais je suis disposé à vous parler avec l’autorité la plus paternelle. Aussi, tout d’abord, puisque vous me dites que vous avez commencé à vous établir dans une disposition de sacrifice, qui vous coûte sans doute, mais à laquelle vous commencez à vous faire, je vous ordonne de toute mon autorité à vous y exercer constamment, non pas sans doute avec contention, mais avec toute la générosité de coeur dont vous êtes capable, sans tomber dans le scrupule. Nous nous sommes beaucoup trop souvent écoutés sur ce chapitre, et ce n’est pas le moindre des reproches que je me fasse. Quant à vous prescrire certaines choses en particulier, je crois devoir exiger de vous qu’à moins de maladie positive, vous vous leviez exactement. J’exige, si vous êtes fatiguée de cette observance, que vous preniez du repos dans la journée.
Quant au lever, depuis que je m’y suis remis, je trouve une foule d’abus à réformer et qui tombent par ma seule présence. Dans ma disposition actuelle -et j’espère qu’elle sera durable,- souvenez-vous que j’entends avant tout m’occuper de votre âme. Il me semblait bien que je le voulais toujours ainsi, mais, puisque vous me faites le reproche contraire, il est très possible qu’à mon insu j’aie manqué à la responsabilité que j’ai contractée par rapport à vous. Je puis vous assurer pourtant que, après le soin de l’oeuvre, je ne pense pas avoir à répondre devant Dieu de quelque chose de plus important pour moi que de votre sanctification. Je vous engage à prendre pour sujet de lecture, après avoir terminé sainte Chantal, le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales. Il importe peu que vous l’ayez déjà lu; il vous sera très bon de le relire encore.
Ainsi, comme vous le dites, entier sacrifice de vous à l’égard de Dieu et à l’égard de tous, retour filial à l’obéissance, exactitude à vous lever pour remplir vos devoirs de supérieure, lecture indiquée pour accepter la nourriture de l’âme que l’on juge à propos de vous faire prendre. Voilà pour aujourd’hui ce que je puis vous dire après y avoir bien pensé.
Vous ne me parlez plus de M. Imlé. Que devient-il? Viendra-t-il comme religieux? Se pliera-t-il à tout ce qu’on lui demandera? Ne le pressez pas trop, s’il ne veut venir que comme maître. Je suis à la poursuite d’un professeur de philosophie. Si vous en avez un bon, vous me rendrez service de me le procurer. Le pauvre Cayol crache en histoire tous les blasphèmes imaginables, et cela sans s’en douter.
Les avis que vous me donnez sur ma retraite du terrain politique sont excellents. Je vous assure que, en les lisant, je remercie bien Dieu de m’avoir donné une amitié comme la vôtre, et je souffre plus que vous ne pensez, lorsque je fais tant de mal à une fille qui me fait tant de bien. Il me semble que, quand les autres sentiments de l’affection s’en iraient de mon âme, il y en a un qui y resterait pour vous, ce serait la reconnaissance. Je vous assure que, en étudiant votre nature, je trouve que ce par où elle ressemble le plus à son auteur, c’est la bienfaisance. Personne n’est bienfaisant comme vous, quand vous le voulez; et je ne vous dis pas ceci comme compliment, mais pour vous obliger à profiter d’une si précieuse qualité, qui, dans vos rapports avec le prochain, vous met à même d’être plus aisément la distributrice des dons de Notre-Seigneur.
Je verrai d’écrire à Buchez dans quelques jours. Vous ai-je dit que M. Gobert avait dû quitter la maison pour une faute de moeurs? Avez-vous vu M. Cardenne? Où en est M. Castan? Je ne le veux pas, s’il est gallican et s’il est aussi tranchant que M. Gabriel; mais autrement je le désire beaucoup.
Adieu, ma chère fille. Mille fois tout vôtre en Notre-Seigneur.
E.D’ALZON.
J’écrirai sous peu à Soeur Marie-Vincent. La maison, un peu détraquée pendant mon absence, se remonte presque trop bien. Que devient votre projet des eaux? Je me trouve très bien des bains, où je fais mettre une demi-livre d’amidon. Un de mes jeunes professeurs a été reçu avant-hier licencié. Ne croyez-vous pas qu’il serait bon de solliciter le plein exercice avant la loi et ne pourriez-vous pas en causer avec M. Michel?
E.D'ALZON