- PM_XIV_337
- 0+529|DXXIX
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 337.
- Orig.ms. ACR, AD 520; V. *Lettres* III, p. 256-258 et D'A., T.D. 19, pp. 207-208.
- 1 ARCHITECTURE SACREE
1 BATIMENTS DES COLLEGES
1 COLLEGE DE NIMES
1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
1 MAITRES
1 PAIX DE L'AME
1 PATERNITE SPIRITUELLE
1 SOUCIS D'ARGENT
2 BLONDEAU
2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
2 FEUCHERE, LEON
2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
2 GAY, CHARLES-LOUIS
2 MILLERET, ALFRED
2 MILLERET, MADAME EUGENE
2 MONNIER, JULES
2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
3 LAVAGNAC
3 NIMES
3 PARIS - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Lavagnac, le 12 juin 1847.
- 12 jun 1847
- Lavagnac
- *Madame*
*Madame la Supérieure de l'Assomption*
*n° 76 rue de Chaillot*
*Paris.*
J’ai reçu hier soir votre bonne lettre du 8 juin. Je suis enchanté que la mienne vous ait fait quelque plaisir et que ma proposition vous dilate l’âme. Je n’ai plus qu’une prière à vous faire, c’est de trouver désormais des propositions de ce genre toutes naturelles de ma part. Il m’a fallu venir ici traiter une affaire d’argent, car, d’ici à la fin de l’année, j’ai besoin de trouver 54.000 francs, et j’ai besoin pour cela de toute mon habileté, qui, vous le savez, n’est pas grande. Remarquez que, sur cette somme énorme, j’ai à faire un remboursement de 35.000 francs à peu près; ce qui, avec ce que j’ai dû rembourser déjà, se monte à 75.000 francs. On n’en est pas plus pauvre, mais il est ennuyeux d’avoir à déplacer ainsi ses fonds. Priez le bon Dieu que cette préoccupation ne m’absorbe pas trop.
Pour en venir à votre neveu, sa mère consentirait-elle à lui faire recommencer sa rhétorique qui doit avoir été passablement bâclée, ou bien faudra-t-il le mettre en philosophie? Si l’on adopte une seconde année de rhétorique, il se trouvera dans la classe de M. Monnier, avec quelques jeunes gens dont trois ou quatre ont été dans le temps comme lui et maintenant vont très bien. Si, au contraire, on lui fait faire sa philosophie, comme je ne veux pas qu’il aille au collège, je lui ferai donner des leçons à part; mais dans ce cas je ne l’aurais qu’un an, et ce serait bien peu pour pouvoir le ramener à de meilleurs sentiments. Tout cela doit être décidé par Mme votre belle-soeur.
J’ai profité de quelques heures de repos pour examiner ici, sérieusement, la proposition de M. Blondeau. Je la trouve inacceptable; voici pourquoi.
1° Une maison de ce genre ne se fonde pas sans crédit, mais si j’ai besoin de l’employer à Nîmes, je ne puis pas espérer de l’avoir à Paris.
2° Donner mon nom à un établissement, où je ne pourrai placer que des hommes qui me sont encore inconnus, quelle garantie est-ce donner aux familles?
3° Qui m’assure, si je ne fais dans la maison que de si rares apparitions, que le désordre ne s’y établira pas? Or, si j’ai donné mon nom, les conséquences en retomberont sur moi, qui ai pourtant besoin d’aller avec prudence. Et puis, une Ecole préparatoire s’adresse à la classe la plus difficile à maintenir. Il me paraîtrait très dangereux de débuter par là, tant que Nîmes aura besoin de ma présence un peu régulière. Il faut donc pour cette année renoncer à une si bonne idée. Plus tard, je crois, au contraire, qu’avec un peu de zèle on peut, dans une Ecole préparatoire à l’Ecole polytechnique, trouver d’excellents éléments pour notre Association.
J’ai profité de mon séjour ici pour aller visiter l’abbaye de Valmagne(1). L’église est du XIIIe siècle. Quant au cloître, je le crois beaucoup plus récent; il a dû être réparé en 1631. Cependant, c’est l’ogive assez élancée; il a 4 mètres de large sur 6 d’élévation. Le préau a 28 mètres au carré. Chaque côté du cloître, du côté du préau, est formé par cinq ogives de 4 m. 50 ou 4 m. 60; ce qui forme un arc très évasé. Dans cette ogive se trouvent quatre petits arceaux en plein cintre, surmontés d’une rosace d’un mètre environ de diamètre. Une partie est évidemment très ancienne, l’autre a été faite beaucoup plus récemment. En étudiant le plan de M. Gay, je crois que l’on pourra absolument le faire venir à notre combinaison. Vous a-t-il dit qu’il le trouve meilleur marché que celui de M. Feuchère? Je vous avoue que je suis effrayé de l’épaisseur de ses contreforts pour le cloître. Mais nous pouvons ajourner toutes ces idées jusqu’à l’époque où je devrais m’en occuper exclusivement.
Ce qu’exige de vous Soeur Th[érèse]-Em[manuel] me paraît tout simple. Cela ne durera pas toujours, mais il est des époques où les âmes ont besoin d’être plus appuyées. Il faut leur venir en aide. Qui plus que vous doit le sentir? Le mal que vous avez souffert doit vous donner la mesure de votre charité. Puis, tout cela se calmera et vous retrouverez votre temps. Pour moi, j’en perds évidemment beaucoup, malgré tous mes beaux projets. J’en rumine un, mais pour cela il faudrait que je puisse trouver un aide, et Dieu ne me l’a pas encore envoyé. Que fait donc M. Gabriel de ne pas me chercher des sujets, comme il me l’avait promis? C’est, je le vois tous les jours, plus difficile à trouver qu’on ne pense.
Veuillez dire à Soeur Marie-Vincent que je lui écrirai demain ou après-demain; pour aujourd’hui, je suis forcé de m’arrêter. Dès que vous aurez quelque chose à m’apprendre sur votre neveu, ne manquez pas de me l’écrire.
Adieu, ma chère fille. Tout à vous du fond de l’âme.
E.D'ALZ[ON]