- DR12_165
- 5998
- DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 165
- Orig. lithographié ACR, AP 11; D'A., T.D. 40, n. 9, pp. 127-129; Publié dans les *Pages d'Archives*, I, pp. 113-114.
- 1 ACHAT DE TERRAINS
1 ACTES DE PROPRIETE
1 APOSTOLAT
1 ASSOMPTIONNISTES
1 AUMONIER
1 BONTE MORALE
1 BULGARES
1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
1 CLERGE NATIONAL ORIENTAL
1 CONCILE DU VATICAN
1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
1 COUVENT
1 ECOLES
1 EGLISE NATIONALE
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 FEMMES
1 FRANCAIS
1 GRANDS SEMINAIRES
1 GUERRE
1 HABIT RELIGIEUX
1 JEUNES RELIGIEUX
1 LANGUE
1 LITURGIE ROMAINE
1 LITURGIES ORIENTALES
1 LIVRES
1 MAISONS DE CAMPAGNE
1 MAITRES
1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
1 MISSION DE BULGARIE
1 MISSION DE RUSSIE
1 MISSIONS ETRANGERES
1 MOEURS SACERDOTALES
1 MOINES
1 MONASTERE
1 OBLATES
1 OEUVRES MISSIONNAIRES
1 PAPE
1 PETITS SEMINAIRES
1 PIETE
1 POLONAIS
1 REFORME LITURGIQUE
1 RELIGIEUSES
1 RESSOURCES FINANCIERES
1 REVOLTE
1 RITE GREC
1 RITE SLAVE
1 RUSSES
1 SALUT DES AMES
1 SCHISME SLAVE
1 SUPERIEUR
1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
1 THEOLOGIE
1 VERTU D'OBEISSANCE
2 BAILLY, EMMANUEL
2 BASILE, SAINT
2 CHICHKOV, FRANCESCO
2 DIMITROV, LUIGI
2 ELISABETH PETROVNA, TSARINE
2 FRICERO, MADAME JOSEPH
2 GALABERT, VICTORIN
2 LAURENT, CHARLES
2 NICETAS, STEPHAN
2 NICON, PATRIARCHE
2 PICARD, FRANCOIS
2 PIE IX
2 PIERRE LE GRAND
2 PISTICHKI, IVAN
3 ANDRINOPLE
3 BULGARIE
3 EMPIRE OTTOMAN
3 EUROPE DU NORD
3 FRANCE
3 LADOGA
3 MIDI
3 MOSCOU
3 OCCIDENT
3 ODESSA
3 PARIS
3 POLOGNE
3 ROME
3 RUSSIE
3 SAINT-PETERSBOURG
3 SOUADJAK - A LA CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
- PROPAGANDE Congrégation
- [14 août 1877](1).
- 14 aug 1877
Mémoire sur un Essai d’évangélisation en Russie(2)
Sa Sainteté Pie IX me fit l’honneur, le 6 juin 1862, de me proposer une mission en Bulgarie. Après m’en être occupé pendant douze ou quinze années, je me suis permis de jeter les yeux plus loin, et, considérant que le Schisme russe est un des plus redoutables adversaires de la Papauté envisagée comme centre de l’Eglise, je me suis senti pressé de m’occuper de l’évangélisation de la Russie.
Voici quelques idées destinées à servir de base à un plan de campagne apostolique dans le nord de l’Europe.
1° Les dernières guerres entre la Russie et la Pologne permettent peu d’espérer que les Russes laisseront de longtemps les Polonais évangéliser leur empire(3).
2° II faut donc, au lieu de pénétrer en Russie par l’occident, attaquer ce pays par le midi.
3° Ne serait-il pas possible de donner à quelques jeunes religieux la permission d’aller à Odessa, en habit laïque, étudier le russe, sous la direction d’un religieux prêtre, qui leur servirait de supérieur et, extérieurement, d’aumônier?
Quand ces jeunes religieux sauront parfaitement la langue russe, on pourrait leur donner diverses missions propres à éclairer sur le meilleur moyen d’évangéliser la Russie. Leurs rapports fourniraient d’utiles documents pour bien connaître l’intérieur de l’empire moscovite et les points plus faciles à envahir(4).
4° Ne serait-il pas désirable que l’Ordre de St Basile fût relevé par des moeurs monastiques plus pures, par une piété plus éclairée, par une science théologique plus abondante? Des moines orientaux plus instruits seraient incontestablement de très utiles ouvriers(5).
5° Or, il est possible de se les procurer. Près d’Andrinople il existe un couvent de moines basiliens(6). Quelques-uns, il est vrai, sont en révolte contre le supérieur. Mais, la propriété du couvent étant sur la tête d’une religieuse française, il serait aisé de faire rentrer les mutins dans le devoir ou d’en débarrasser la maison. On rendrait ainsi l’autorité au supérieur. On développerait encore une école monastique déjà existante, en lui donnant de bons maîtres que nous avons sous la main et qui, avant un an, prépareraient sur les lieux un Petit-Séminaire gréco-slave. Ces maîtres sont trois religieux bulgares(7) prêtres élevés en France dans le rite latin, mais que l’on pourrait faire passer au rite oriental, comme le Souverain Pontife me l’a proposé de lui-même dans le temps. Le Petit-Séminaire serait la préparation du Grand, et l’on se servirait des sujets fournis par ce dernier soit pour la Bulgarie, soit pour préparer des fondations en Russie, quand le moment serait venu. Supposé qu’une occasion favorable se présentât, on ne risquerait pas d’être pris au dépourvu. On pourrait, en même temps, réformer la Communauté basilienne et y jeter des germes de science ecclésiastique. Le dévouement que lui a toujours témoigné le P. Galabert, supérieur des Augustins de l’Assomption à Andrinople, permettrait à celui-ci d’exercer une salutaire influence.
6° Cette influence s’exercerait moins par l’autorité, source quelquefois de rivalités fâcheuses, que par des conseils bienveillants et par les ressources pécuniaires dont le P. Galabert serait le canal de la part de la Propagation de la Foi. Quand la Congrégation de la Propagande croirait les Basiliens capables de marcher seuls, le P. Galabert se hâterait de s’effacer.
7° Si Dieu bénit cette pensée, les Augustins de l’Assomption se limiteraient pour leur action apostolique d’abord à Odessa, puis rechercheraient surtout les centres principaux. On laisserait les Basiliens s’établir dans les campagnes, et nous avons des terrains à leur offrir en Russie. Plus tard, ils s’établiraient où la Propagande le jugerait utile.
8° Il est bien entendu que, si l’on poursuivait le plan proposé par le S. Pontife au P. d’Alzon de faire passer un certain nombre de religieux au rite gréco-slave, les Augustins de l’Assomption sont prêts à obéir(8).
9° Quant aux oeuvres de femmes, on pourrait les confier, soit aux religieuses basiliennes établies près d’Andrinople, soit aux Oblates de l’Assomption, vouées aux Missions étrangères et établies en Bulgarie.
10° Je dois faire observer que l’on me dit de tous côtés qu’en dehors du rite grec le rite gréco-slave est le même partout. Or, je trouve dans des ouvrages consciencieux que le Patriarche moscovite Nicon a apporté des changements notables dans la liturgie, et, d’autre part, que, depuis l’institution du St Synode par Pierre-le-Grand, des changements nouveaux ont été opérés, par exemple, sous le règne d’Elisabeth. Ne serait-il pas important d’être fixé sur la valeur de ces changements, qui, plus tard, pourraient être un obstacle à la conversion des membres de l’Eglise orthodoxe?
Je soumets humblement ces observations à la Sacrée Congrégation de la Propagande, demandant qu’elle veuille bien m’indiquer si elle les juge dignes d’être prises en considération et si je dois mettre la main à l’oeuvre(9).
Ce texte lithographié avait été précédé de deux avant-projets dont le premier comporte trois versions successives.
2. Depuis le concile, l'idée d'une fondation en Russie ne quitte plus le P. d'Alzon (v. *Lettre* 5052, n.2). Jusqu'en 1877, le P. Galabert est le principal confident de cette préoccupation. Il lui rappelle que "notre but est la conversion des Slaves", lui recommande de se préparer par tous les moyens à pénétrer un jour en Russie et s'ouvre à lui, en 1875, d'un projet qu'il caressera jusqu'à la fin de sa vie: une fondation à Odessa (v. *Lettre* 5378, n.3). En 1873, dans un passage bien connu de l'allocution de clôture du chapitre général, c'est à toute la congrégation qu'il avait désigné la Russie comme champ d'apostolat:
"Je tremble en vous parlant ainsi, et pourtant quelque chose me crie que si l'Assomption le veut, Dieu aidant, la moisson lui appartiendra."
En 1877, à Rome, il soumet ses idées à diverses personnalités et obtient leurs encouragements ainsi que ceux de Pie IX.
Rentré en France, il prend toutes les informations possibles sur la Russie. En août, il se rend à Paris dans ce but. "Je ne voulais pas y aller, écrit-il à Galabert le 27 juillet, j'y vais uniquement pour préparer l'affaire d'Odessa". C'est que l'attente en Bulgarie lui semble bien longue et d'autre part, les circonstances ne se prêtent-elles pas à une pénétration en Russie? Cette dernière qui en ce moment fait la guerre aux Turcs pour la libération des chrétiens orthodoxes de l'empire ottoman, pourra-t-elle refuser dans son propre empire la liberté aux catholiques? (à Picard, 19 juin).
Une fois de plus, le P. d'Alzon s'est mis à coucher ses idées sur le papier, et plusieurs rédactions successives ont abouti à notre mémoire qu'il a fait lithographier pour le soumettre à toutes les personnes capables d'émettre un avis autorisé.
Parmi celles-ci, une Russe catholique, Mme Fricero, qui lui accusa réception du mémoire le 30 septembre 1877. Il nous a semblé intéressant de donner ici ses réactions. Et tout de suite ce qu'elle pense du titre. On comprend qu'il l'ait choquée: "Ce qui me semble un terme impropre à l'égard de la Russie, c'est le mot d'*évangélisation*. Les Russes ont constamment l'évangile en main et s'y croient aussi forts que l'Eglise elle-même."
3. C'est le seul point sur lequel ils seront d'accord. Mme Fricero renchérit même.
4. Avis de Mme Fricero: "Il ne serait pas plus possible d'attaquer la Russie par le midi que par une autre partie, tant qu'il y aura défense formelle de convertir ou de se convertir.[...] Il faut, *ce qui va arriver*, une Constitution en Russie et avec elle la liberté des cultes et des consciences".
5. Le P. d'Alzon n'a pas l'air de se faire une très haute idée des moines orientaux. Mme Fricero a dû en être peinée. Elle fait observer: "...il a été fondé il y a quelques années près de St-Petersbourg, sur les côtes du lac Ladoga, un monastère immense sur le modèle d'une Chartreuse. Il est très protégé de la famille impériale et on parle de nombreux saints qu'il renferme..."
6. Les religieux du P. Stephan Nicétas au monastère de Souadjak.
7. Francesco, Luigi et Ivan.
8. Mme Fricero écrit: "A quoi servirait de faire passer des moines catholiques au rite oriental, puisque ce serait une des conditions *sine qua non* de la conversion, que le rite *grec* ne se mêlât jamais au rite latin, *l'un respectant l'autre* sans *se fondre* si ce n'est par le contact des siècles".
9. On aimerait savoir comment le P. d'Alzon accueillit les observations de sa correspondante. En tout cas elles ne le firent pas renoncer à son plan car dans la lettre suivante, Mme Fricero s'écrie: "Comment, vous penseriez encore à aller à Odessa!" (sous-entendu: après tout ce que je vous ai dit!).