DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 38

2 feb 1877 Rome COLLEGE de l'Assomption

Paroles du pape – Sa santé – Sa gaieté.

Informations générales
  • DR12_038
  • 5849
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 38
  • Orig.ms. ACR, AK 427; D'A., T.D. 33, n. 17, pp. 339-340.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 BETISE
    1 BLASPHEME
    1 CHAPELET
    1 ENERGIE
    1 ENFER
    1 JOIE
    1 MAL MORAL
    1 MALADES
    1 MALADIES
    1 MAUX PRESENTS
    1 OBJETS DE DEVOTION
    1 PELERINAGES
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 RIRE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BESSON, LOUIS
    2 CLASTRON, JULES
    2 FERRAND, JOSEPH
    2 PIE IX
    3 BESANCON
    3 ITALIE
    3 NIMES
  • AUX ELEVES DU COLLEGE DE L'ASSOMPTION A NIMES
  • COLLEGE de l'Assomption
  • Rome, le 2 février 1877.
  • 2 feb 1877
  • Rome
La lettre

Mes bien chers enfants,

Mgr de Nîmes vient de partir et je n’ai pu vous écrire par lui. Mais peu importe, puisque vous aurez des nouvelles très fraîches du Saint-Père. Vous savez que le Pape a déclaré à Monseigneur que j’étais son ami. Hier, nous étions avec la caravane de Besançon, et, comme le Pape se rendait à son trône, il m’aperçut et, tout en marchant, il dit en me montrant du doigt: « Voilà un prêtre étranger à la caravane, Alzon, Alzon! ». Vous savez que vous êtes tous bénis, [en] plus des chapelets que j’apporte aux plus grands et des médailles aux plus petits. Ceux qui ont fait leur première communion auront les chapelets, les médailles seront pour les autres.

Si l’on vous dit que le Pape est mourant, n’en croyez pas le premier mot. Il y a des jours où il marche difficilement, à cause de ses rhumatismes; mais quand on l’entend, il est impossible de ne pas lui donner dix ans de vie. C’est la voix la plus forte, la plus souple, la plus pénétrante qu’on puisse entendre. Il dit aux Bizontins, entre autres choses, qu’ils étaient pour lui une joie comme les autres pèlerinages, mais qu’ils lui étaient une consolation au milieu des temps mauvais, où tant de blasphèmes sont vomis par des hommes qui se disent les représentants de l’Italie, mais qui sont bien plutôt les représentants de l’enfer. Ce fut dit avec une force et avec une énergie qui nous fit tous trembler.

Je fis la sottise de ne pas me joindre à Monseigneur, quand après l’audience il fit sa promenade. Il paraît qu’il fut d’une gaieté admirable, surtout à propos d’un pauvre prélat, qui, ayant voulu toucher des pincettes trop chaudes, poussa un cri comme si on l’eût écorché. Le Pape rit aux larmes, et puis se reprenant: « Ceci est sans malice. Le Pape ne peut pas avoir de malice ».

Je tâcherai de vous porter une nouvelle bénédiction, mais votre adresse est un peu trop longue pour que je la remette. J’essaierai de vous en dédommager.

Adieu, chers amis. Il me semble que je vous donne des nouvelles de famille. Bien tendrement à vous.

E.D’ALZON.

Pour le P. Emmanuel seul: Faites remettre cette lettre chez l’abbé Clastron, et non pas à l’évêché. Vous remercierez la seconde division de sa lettre, ainsi que Ferrand de la sienne.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum