- DR12_008
- 5817
- DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 8
- Publiée par l'*Assomption* du 1er janvier 1877, p.204; D'A., T.D. 33, n.1, p.393.
- 1 ALUMNATS
1 AMOUR DIVIN
1 ASCESE
1 BON PRETRE
1 DEVOIRS DU PRETRE
1 DON DE SOI A DIEU
1 ENERGIE
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 FEMMES
1 FOI
1 FORTUNE
1 JOIE
1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
1 PAGANISME
1 PAUVRETE
1 PERSEVERANCE
1 PRETRE
1 SACERDOCE
1 SEMINARISTES
1 SENTIMENTS
1 VERTUS DE L'APOTRE
1 VIE DE SACRIFICE
1 VOLONTE
2 MAUBON, JOSEPH
3 MIDI
3 NORD - A UN ALUMNISTE DE CLAIRMARAIS
- ALUMNISTES
- [1er janvier 1877](1).
- 1 jan 1877
La lettre que vous m’écrivez au nom de vos camarades, mon cher enfant, m’a fait le plus grand plaisir. J’y vois la preuve des bonnes dispositions de tout l’alumnat, dispositions bien nécessaires aujourd’hui où l’on fait tant d’efforts pour ruiner l’Eglise et le sacerdoce, par lequel Notre-Seigneur a voulu que l’Eglise fût soutenue. A cet égard, on ne saurait se faire une idée de la haine de la révolution contre les prêtres. Tournons le mal en bien. Supposé que la révolution diminue le nombre des prêtres de moitié, si nous avons de saints prêtres qui travaillent comme dix, eh bien, nous aurons après tout cinq fois plus d’ouvrage. Priez le P. Joseph de vous expliquer mon calcul, si vous ne le comprenez pas.
Souvenez-vous que pour être de vrais prêtres, il faut être des hommes de foi, de devoir et de sacrifice. On voit des gens qui se donnent à Dieu par sentiment. Cela ne dure pas. Les sentiments viennent des sens et sont après tout un peu matériels: c’est comme les femmes sensibles qui pleurent à propos de bottes. La foi repose dans la partie supérieure de l’âme et communique avec Dieu.
Le devoir est rude quelquefois. On peut faire quelque effort pénible par enthousiasme, mais l’enthousiasme est souvent un feu de paille; il ne dure pas. Il faut que le devoir puisse inspirer une persévérance invincible. C’est la persévérance dans le devoir qui révèle les hommes fortement trempés.
Enfin, vous devez être des hommes de sacrifice. Vous ne pouvez pas donner grand’chose, puisque vous avez bien peu, peut-être rien. Et pourtant vous pouvez donner beaucoup, puisque vous pouvez vous donner vous-mêmes, par une énergie de volonté qui deviendra dure comme l’acier, en se trempant dans les vraies flammes de l’amour divin.
Ne devenez pas trop riches, sans quoi cela ne durerait pas. Souvenez-vous d’un mot d’un auteur païen: Foecunda virorum egestas, l’indigence, mère des hommes vraiment forts. Prenez garde. A ce point de vue, les alumnats du Midi ont chance de donner plus de résultats que ceux du Nord.
Mille fois à vous, cher enfant, avec toutes mes bénédictions paternelles.
E.D'ALZON.