DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 178

5 aug 1875 Notre-Dame des Châteaux TESSAN Chanoine

Réflexions sur la conduite du chapitre – Les dispositions bienveillantes où lui-même se trouve.

Informations générales
  • DR11_178
  • 5390
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 178
  • Copie autographe ACR, AP 45; D'A., T.D.40, pp.168-170.
Informations détaillées
  • 1 BONTE
    1 CHANOINES
    1 CLERGE NIMOIS
    1 COLERE
    1 COMPORTEMENT
    1 CONVERSIONS
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 FRANCHISE
    1 GOUVERNEMENT
    1 LIBERTE
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 NOMINATIONS
    1 OUBLI DE SOI
    1 PAPE
    1 PARDON
    1 RUSE
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SEVERITE
    1 SOLITUDE
    1 VERTUS SACERDOTALES
    1 VICAIRE GENERAL
    2 ANTONELLI, GIACOMO
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BESSON, LOUIS
    2 BUFFET, LOUIS-JOSEPH
    2 CHAMPVANS, JEAN-CHRYSOGONE
    2 CLASTRON, JULES
    2 CORCELLE, FRANCOIS TIRCUY DE
    2 HULST, MAURICE D'
    2 LONDES, MARC-ALBERT
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 WALLON, HENRI-ALEXANDRE
    3 BESANCON
    3 FRANCE
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 QUIMPER
    3 ROME
    3 SAVOIE
  • A MONSIEUR LE CHANOINE DE TESSAN
  • TESSAN Chanoine
  • Notre-Dame des Châteaux, par Beaufort, 5 août [18]75.
  • 5 aug 1875
  • Notre-Dame des Châteaux
La lettre

Copie de ma lettre à M. de Tessan.

Mon cher doyen,

Nîmes a un nouvel évêque, car le gouvernement ne l’a nommé qu’après le consentement positif du Pape. Il n’y a plus à y revenir, et ceux qui tenteraient une opposition vaine ne réussiraient pas mieux que quand ils ont cru pouvoir choisir eux-mêmes le successeur de Mgr Plantier.

Le Chapitre s’est mal conduit, non pas envers moi -je vous avais dit que je ne tenais pas à être grand-vicaire, et si le Chapitre eût eu assez le sentiment des convenances pour respecter la mémoire de celui qui en avait nommé presque tous les membres, il eût été facile de s’entendre, puisque je voulais avant tout du repos; -le Chapitre s’est mal conduit envers une illustre mémoire, et l’indignation causée dans toute la France, de Marseille, où l’on vous appelle des révolutionnaires, jusqu’à Quimper, où évêque et chanoines sont outrés, m’eût complètement dédommagé de votre manière d’agir, si j’avais eu une autre impression qu’une tentation de dédain, à laquelle je crois avoir résisté, et puis de satisfaction d’être rendu à la liberté. C’est sous cette dernière impression, et surtout dans la conviction où je suis que je serais bien coupable si j’imitais les exemples donnés, que je viens vous proposer de revenir à des sentiments plus dignes de prêtres, censés les modèles du corps sacerdotal dans le diocèse.

Vous comprenez que M. Besson connaît par le menu les démarches faites pour avoir M. d’Hulst uniquement parce que je voulais l’évêque nommé, et que MM. les chanoines ne voulaient pas de lui, uniquement parce que je le désirais. Cet enfantillage, peu digne d’un Chapitre, retombe aujourd’hui sur le nez de ses membres. Je propose de tout oublier. M. Besson qui sait mes démarches auprès du cardinal Antonelli, du Pape même par un de ses confidents, de Wallon, de Corcelle, enfin de Buffet, me devrait quelque chose. Je ne lui demande rien, je veux n’être rien, je consentirai tout au plus à être grand-vicaire quelques mois, comme je vous l’ai dit le jour de la mort de Mgr Plantier. Ma pensée est la même. Seulement je souhaite n’être pour rien dans ce que les laïques disent des passions haineuses du clergé. J’ai, en ce moment, le beau rôle, humainement parlant. Il serait habile d’être généreux, je préfère m’élever plus haut. Si j’ai quelque chose à pardonner, je désire accorder le pardon, comme je veux que Notre-Seigneur me l’accorde quand je paraîtrai bientôt devant lui. J’oublie tout ce qui m’est personnel, et, si je suis sévère, supposé que l’on me consulte, il faut qu’on le sache bien, ce sera uniquement dans la conviction profonde où je serai devant Dieu qu’il importe d’écarter certains hommes irrémédiablement dangereux.

Ce qui précède n’a rien de personnel pour vous. Je sais que vous me désiriez pour grand-vicaire, mais pas plus que vos confrères, vous n’avez compris qu’en écartant M. Clastron, l’oeuvre de Mgr Plantier recevait une insulte que les héritiers de notre illustre évêque devaient porter en commun. Les héritiers de Mgr Plantier, ils oublieront tout, ils pardonneront tout, ils tendront les premiers la main à Messieurs les chanoines, quand ils sauront qu’elle sera loyalement acceptée.

Je ne me permets pas de vous donner une commission, mais si vous croyez devoir parler de cette lettre comme d’une avance, je vous autorise de la manière la plus formelle à en user, comme vous le jugerez à propos. Toutefois, si elle ne recevait pas la réponse que j’espère, je me croirais libre de la montrer à quelques personnes, pour prouver les dispositions bienveillantes où je suis. Je n’ai été ni à Paris, ni à Rome, ni à Besançon, comme on l’a dit. A moins d’empêchement imprévu, je compte rester dans ma solitude de la Savoie jusqu’au 1er septembre.

Veuillez agréer, mon cher doyen, l’expression de mes meilleurs sentiments en N.-S.

E.D’ALZON

des Augustins de L’Assomption.

Je prie M. Londès de communiquer confidentiellement cette lettre à M. le préfet, M. Barnouin, à Mlle de M., au P. Emmanuel, à qui il voudra bien laisser cette minute. Il peut en garder la copie et la montrer dans q[uel] q[ues] jours, si les chanoines ne sont pas satisfaits et n’accueillent pas mes avances(1).

E.D'ALZON des Augustins de l'Assomption
Notes et post-scriptum
1. Cette copie autographe a donc été envoyée à M. Londès. Il va de soi que le post-scriptum, autographe lui aussi, ne figurait pas dans la lettre que reçut M. de Tessan.