DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 290

10 aug 1874 Bétharram RA

Et vous croyez que je m’y laisse prendre!

Informations générales
  • DR10_290
  • 5079
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 290
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D.35, n.14, pp.201-202.
Informations détaillées
  • 1 CURES D'EAUX
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPUBLIQUE ADVERSAIRE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SYMPATHIE
    2 ANTOINE, SAINT
    2 DULONG DE ROSNAY, JOSEPH
    3 EAUX-BONNES
  • A DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
  • RA
  • [Bétharram, vers le 10 août 1874].
  • 10 aug 1874
  • Bétharram
La lettre

Mes chères filles,

Savez-vous la chanson: Capucin, voulez-vous danser? Le Capucin répond: Je ne sais pas danser. Eh bien, j’en suis là. Et vous croyez que je m’y laisse prendre! Qu’est-ce que cette Révérende Mère, qui est en même temps baronne, et cet évêque fabriqué tout exprès pour la cause, et ce curé qui ne sait s’il signera en haut ou en bas, et ce maire qui ne met qu’un paraphe, et cet adjoint qui écrit de façon que je ne sais si c’est Lanuque ou Canule? Ce pauvre P. Dulong, dont on copie si bien la signature! Non, non, voilà un guêpier, un vrai guêpier. Allez, avant que ma prudence y fourre son petit doigt, la lune aura trois cornes. Et puis, vous annoncez des médecins. Où sont-ils tous vos médecins? Je n’en vois pas un. Et puis, vous timbrez avec un aigle, comme si nous étions sous l’empire. Est-ce que nous ne sommes pas en République? Il fallait mettre la jolie figure de la République. Vous me direz que la République n’a pas de jolie figure, qu’elle n’en a pas du tout. Je le crois bien. Mais alors pourquoi mettre un sceau quelconque, et encore un faux sceau?

Conclusion: on veut me berner, et je ne veux pas l’être. O grand saint Antoine, quand me délivrerez-vous de tous ces démons qui se disent des religieuses, qui m’expédient des signatures inventées et scellent avec un gros sou de l’empire! Sur ce, je déclare la pièce reçue apocryphe et je préviens les religieuses de l’Assomption, s’il y en a aux Eaux-Bonnes, qu’un grand malheur les menace. Car quand le diable se sert de la robe d’une religieuse, la religieuse qui la met après sent le brûlé pendant dix ans.

En foi de quoi: Quilibet.

Notes et post-scriptum