DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 221

2 apr 1874 Paris CHAUDORDY_VALENTINE

Suivez généreusement la voie que vous avez retrouvée – Priez beaucoup en soignant votre chère malade – Ecrivez-moi souvent.

Informations générales
  • DR10_221
  • 5000
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 221
  • Orig.ms. ACR, AM 105; D'A., T.D.37, n.4, pp.74-75.
Informations détaillées
  • 1 SANTE
    1 VIE DE PRIERE
    2 CHAUDORDY, MADAME
  • A MADEMOISELLE VALENTINE CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_VALENTINE
  • Paris, 2 avril 1874.
  • 2 apr 1874
  • Paris
  • *Mademoiselle Valentine Chaudordy*
    *13, rue Régale*
    *Nîmes.*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Vous recevrez cette lettre le vendredi saint. La vôtre m’arrive ce soir. Je vous conjure de m’écrire tout ce que vous avez à me dire. Vous m’avez parlé avec une grande ouverture de coeur, et c’est une chose qui vous est nécessaire. Un fait est certain, c’est que vous avez retrouvé votre voie. Elle s’était cachée à vous pendant quelque temps, elle vous apparaît de nouveau; il faut la suivre généreusement et sans respect humain. Je me figure que le jour où vous vous serez posée par toute votre vie comme une personne, qui, sans quitter le monde, veut vivre de la vie de Dieu seul, vous aurez fait un grand acte et vous aurez pris une position très précieuse pour votre avenir. L’état pénible de Madame votre mère vous y dispose. A quoi bon certaines futilités, avec les appréhensions que sa santé vous cause sans cesse? Prenez tous les jours une vie plus sévère, non pas par la pénitence seulement, mais par cet ensemble de tenue, de régularité qui fait comprendre à quoi l’on aspire.

Puisque vous me semblez avoir faim et soif de Dieu, priez beaucoup. Vous le pouvez, tout en soignant votre chère malade. Et puis on peut trouver, quand on le veut bien, certains moments de plus grande solitude, alors même que vous ne pourriez pas aller à l’église. La prière, si vous y êtes fidèle, aura peut-être quelques sécheresses et quelques aridités, mais après quelque temps vous y trouverez tout un monde nouveau, et je crois que vous avez parfaitement raison, quand vous me parlez de la vie d’adoration, vers laquelle vous vous sentez poussée.

Ecrivez-moi beaucoup. Il y a dans votre coeur un trop-plein qui a besoin de se verser. Parlez-moi de Dieu, de ce que vous voulez devenir pour son amour. Cela vous fera du bien. Bien tendrement vôtre en Notre-Seigneur, ma fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum