DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 218

• DR10_218
• 4996
• DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 218
• Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 422; D'A., T.D.30, n.430, pp.240-241.

• 1 PENSIONNAT DES OBLATES A NIMES
  1 PREDICATION DE RETRAITES
  2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
  2 BOURDET, MARIE-FRANCOISE
  2 BOURDET, VIRGINIE
  2 PICARD, FRANCOIS
  2 SEGUR, GASTON DE
  3 NIMES
  3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
• A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
• CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
• Paris, 2 avril 1874, 10 heures du soir.
• 2 apr 1874
• Paris

Ma chère enfant,

Je rentre et trouve votre lettre; je viens de prêcher à une réunion de 200 à 300 jeunes gens(1), et, si je suis illisible, c’est que l’agitation fait trembler ma main.

Je connais depuis près d’un an l’affaire Bourdet. Je vous en aurais parlé, si je n’avais su qu’elle voulait de l’argent, question sur laquelle je suis dans l’impossibilité de vous aider; sans cela quelqu’un aurait pris son pensionnat(2). Puis elle parlait d’abord de 80 élèves, aujourd’hui elle n’en a plus que 50. Que sont devenues les 30 autres? Elle voulait imposer son mobilier. Persévérera-t-elle dans cette idée? Vous voyez que je suis au courant. Puis son pensionnat est au centre de Nîmes. Les parents consentiront-ils à envoyer leurs enfants à une extrémité de la ville? Vous n’aurez donc pas 50 élèves, estimez-vous heureuse si vous en avez 20. Mais je m’en applaudirais, car, d’une part, vous garderiez les plus solides, de l’autre, ce nombre serait meilleur pour former un bon esprit. Enfin 20 et 5 feraient 25 et la boule de neige se ferait bien vite. Donc, s’il n’y a pas d’argent à débourser, j’approuve; sinon, non, car je trouve que j’ai assez fourni pour cette année.

Vous voyez dans quels termes je me place; à vous de décider. Ne comptez que sur 20 élèves. Je suis enchanté, d’autres viendront, mais je trouve que vous baissez trop pour le prix. J’estime que quand vous aurez fait vos expériences, que je vous laisse faire tout à votre aise, peut-être il vous sera bon de vous en rapporter un peu plus à moi, et peut-être votre vieux père vous donnera-t-il des conseils dont vous ne vous trouverez pas trop mal. Et alors votre petit pensionnat(3) prendra de raisonnables proportions.

Adieu, mon enfant. Je vais essayer de dormir.