DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 135

2 nov 1873 Nîmes PICARD François aa

Votre ligne est parfaite – Soyez catholiques au-delà de toute expression – Les faiseurs d’intrigues – M. de Damas – M. Baudon.

Informations générales
  • DR10_135
  • 4904
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 135
  • Orig.ms. ACR, AF 61; D'A., T.D.26, n.451, pp.45-46.
Informations détaillées
  • 1 DIPLOMATIE
    1 MONARCHIE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 ROYALISTES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAUDON, ADOLPHE
    2 CHAMBORD, COMTE DE
    2 CHESNELONG, PIERRE-CHARLES
    2 DAMAS, PAUL DE
    2 DREUX-BREZE, HENRI DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 2 nov[embre 18]73.
  • 2 nov 1873
  • Nîmes
La lettre

Vous comprenez plus que jamais la nécessité pour moi de rester quelque temps à Nîmes. Allez à Paris, mais ne vous compromettez pas; c’est inutile. Votre ligne(1) telle que vous me l’indiquez dans votre lettre, me semble parfaite. J’avais pris de semblables résolutions, et Monseigneur à table, tout à l’heure, indiquait la même voie comme la seule convenable pour le clergé. Vous vous ferez petits rien du tout au point de vue politique, mais soyez catholiques au-delà de toute expression.

Les protestants, en ce moment, triomphent. Ils croient la monarchie impossible et ils sont heureux(2). Je crois que cet état devrait ouvrir les yeux aux faiseurs d’intrigues, si derrière les intrigues il n’y avait pas leurs très ambitieux intérêts. Nous qui ne voulons rien que la gloire de Dieu, levons les yeux plus haut et allons de l’avant.

Veuillez remercier M. de Damas, de ma part, pour les soins qu’il a pris de vous. Si vous parlez de moi à Baudon, dites-lui toute l’affection pleine d’estime spéciale que j’ai pour lui. Surtout, soignez-vous. Je ne pense pas aller à Paris avant le 15 février, si d’ici là on ne m’a pas coupé le cou. J’y resterai trois mois.

Totus tibi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Les T.D. ont *ligue*, lecture possible, mais dans sa lettre du 31 octobre le P. Picard n'a pas parlé de ligue, mais de la *ligne* de conduite qu'il compte adopter à l'arrivée d'Henri V, qui pour lui ne fait aucun doute. "Je crois, écrit-il, qu'à la rue François Ier, nous devons rester les mêmes, les hommes de l'Eglise et du Pape, et jamais les hommes de la politique; dès lors le calme est notre devoir..."
2. Le pays vient d'avoir connaissance du manifeste du 27 octobre. Depuis la publication du projet de résolution de la Commission des Neuf (v. *Lettre* 4896, n.2), les monarchistes étaient convaincus de l'imminence de l'avènement de la monarchie nationale, héréditaire et constitutionnelle. Mais voici que le 30 octobre à midi, le marquis de Dreux-Brézé est venu remettre à M. Chesnelong une lettre du comte de Chambord datée du 27 octobre. Henri V refusait d'abandonner le drapeau d'Henri IV et de devenir "le roi légitime de la Révolution". Dans le camp légitimiste beaucoup sont effondrés. D'autres trouvent la lettre du prince sublime. Ainsi le P. Picard : "... la lettre d'Henri V me réjouit ... on voulait lui imposer les principes qui ont démoli tous les gouvernements depuis un siècle, il a refusé..." (à Mère M.-Eugénie, 1er novembre). Le P. Picard continue cependant à croire au retour du prince qui doit opérer le redressement de la France. C'est aussi l'espoir d'Emmanuel Bailly qui, le 9 novembre lui écrit : "Que de choses vont se présenter au zèle de la congrégation sitôt après la résurrection qui se prépare! Nous sommes déjà bien accablés, mais le bon Dieu nous ménage bien probablement une action plus étendue encore à cause des principes que nous soutenons et auxquels la société va bientôt se rattacher avec passion comme à son salut et sa vie."