DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 93

• DR10_093
• 4851
• DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 93
• Orig.ms. ACR, AM 104; D'A., T.D.37, n.3, pp.73-74.

• 1 DIRECTION SPIRITUELLE
  1 PELERINAGES
  1 SAINTETE
  1 VOIE UNITIVE
  2 CHAUDORDY, ANGELINA
  2 PAUL, SAINT
• A MADEMOISELLE VALENTINE CHAUDORDY
• CHAUDORDY_VALENTINE
• Le Vigan, 24 juillet 1873.
• 24 jul 1873
• Le Vigan

Je ne voulais pas vous écrire avant mon retour, ma chère Valentine, mais puisque je reçois une lettre d’Angélina, je répondrai à toutes deux.

Votre vie doit reprendre un tout nouveau commencement à partir de votre pèlerinage, et, puisque vous vous sentez portée à vivre dans une grande union avec Notre-Seigneur, c’est en lui que vous devez trouver une existence toute nouvelle. Vous devez dire, comme saint Paul: « Vivre, pour moi, c’est Jésus-Christ »(1); et ce ne doit point être une formule vaine, ce doit devenir tous les jours pour vous une réalité. L’humilité, l’oraison, l’amour doivent surtout être votre partage. Les mauvais sentiments que vous avez quelquefois vous apprendront à vous bien mépriser. Le besoin que vous avez d’une vie plus parfaite vous aidera à aller à l’oraison. Peut-être sentirez-vous le besoin d’une vie plus austère, soit pour purifier votre âme, soit pour prouver à Notre-Seigneur votre amour.

Jusqu’à présent, vous avez été timide dans votre vie. Ayez de saintes hardiesses. Ah! quelles sont nécessaires à certaines âmes et combien nous recevrions des grâces plus abondantes, si nous savions prendre le courage de les mériter. Je suis sûr qu’il y a pour vous des moments, où vous voudriez faire beaucoup et où vous n’osez pas. L’amour de Notre-Seigneur vous donnera l’audace de la sainteté.

Ce langage, j’en suis sûr, répond à certaines dispositions très intimes, que vous n’osez pas vous avouer. Pourtant qu’est-ce que c’est, sinon le mot de saint Paul: « L’amour de Jésus-Christ nous presse »(2). Il vous presse depuis bien longtemps. Commencez à l’écouter, et vous serez toute surprise de voir quelle action cet amour aura désormais sur toute votre existence.

Adieu, ma bien chère enfant. Je suis bien affectueusement vôtre en Notre-Seigneur.

E.D’ALZON.

Pour Valentine.