- DR09_391
- 4643
- DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 391
- Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 420; D'A., T.D.30, n.391, pp.211-213.
- 1 ANIMAUX
1 BONTE
1 COLERE
1 COMMUNE
1 CONVERSATIONS
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 ENERGIE
1 FATIGUE
1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
1 LANGUE
1 LIVRES
1 MUSIQUE
1 NOVICIAT
1 OBLATES
1 PAQUES
1 POSTULANT
1 POSTULAT
1 PRISE DE VOILE
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 REPOS
1 REVOLUTION ADVERSAIRE
1 SUPERIEURE
1 TRAVAIL MANUEL
1 VOCATION RELIGIEUSE
2 CHABERT, LOUISE
2 COULOMB, LOUISE
2 JAMES, FAMILLE
2 JAMES, MADEMOISELLE
2 LEFEVRE, PERE
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 ROHRBACHER, RENE-FRANCOIS
2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
3 ESPEROU, L'
3 NIMES
3 PARIS
3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
3 RUSSIE
3 SAINT-PETERSBOURG
3 VIGAN, LE - A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
- CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
- Le Vigan, le 12 juillet [18]72.
- 12 jul 1872
- Le Vigan
Ma chère fille,
Je n’ai pas reçu les bonnets de postulantes, peut-être les avez-vous adressés directement à Rochebelle? Les observations que vous me faites sont justes; toutefois, souvenez-vous qu’on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu’avec un tonneau de vinaigre. J’ai causé longuement avec Soeur Marie de Saint-Jean. Elle ne comprend pas. Donc inutile de se fâcher avec elle. Ne m’a-t-elle pas dit que, par moments, elle avait envie d’aller à l’Assomption? Ceci est le mot de l’énigme et, il n’y a plus qu’à la traiter avec beaucoup de bonté. Pas plus que moi, le P. Hippolyte ne la croit capable d’être employée jamais comme supérieure. Elle n’a rien de mieux à faire que de rester au Vigan.
Louise Chabert s’y met tout rondement, elle balaye le réfectoire, prend goût à tous les petits travaux. Le P. Hippolyte voudrait la garder pendant le postulat, je n’en vois pas trop la nécessité, mais je crois prudent de lui faire faire ici l’essai sérieux de la règle, afin que si elle ne la peut supporter, elle n’ait pas l’ennui d’une seconde sortie; ce qui aurait lieu à Nîmes, si elle ne pouvait y résister. Je crois, moi, qu’avec un peu d’affection elle sera une fort bonne religieuse(1).
J’ai causé hier une heure et demie avec Mlle James. C’est la fille d’un riche négociant ruiné, qui, à dix-sept ans, s’est mise courageusement à travailler pour sa famille. Elle a contribué à faire élever sa soeur, âgée aujourd’hui de 20 ans, son frère aîné qui est bachelier et son frère cadet qui va l’être. Son père qui approuve sa détermination est à la tête d’un pensionnat à Pétersbourg; sa mère refuse, mais a des moyens d’exister. Elle était fiancée à un cousin, qui consent à rompre ses projets devant les idées religieuses de sa future. Elle gagne 2.000 frs par an, mais n’a rien économisé, ayant tout donné à sa famille. Elle va rester quelques mois dans la famille où elle est pour faire son trousseau et en gagner le prix. Elle est restée institutrice cinq ans en Russie, parlant le Russe, l’Allemand et l’Anglais. Le climat du Nord ayant altéré sa santé, elle revint en France; elle fit une première éducation dans une famille que je connais. Elle est très sérieuse. Pendant la guerre, elle habitait un château avec ses élèves, elle y a lu tout Rohrbacher; c’est quelque chose. Il lui reste une fatigue nerveuse, pour laquelle elle a besoin de quelques mois de repos. Elle est passionnée pour la musique allemande, mais depuis huit mois joue très peu à cause de ses nerfs. Son sacrifice sera de n’avoir pas de piano, si elle se repose un peu à Rochebelle. Le P. Lefèvre l’avait poussée au Sacré-Coeur; elle a préféré les Oblates comme Congrégation, à qui elle pourrait être utile, un peu aussi, je crois, sous l’action du P. Hippolyte. Je lui ai recommandé de se remettre à l’étude des langues, pour lesquelles elle a une grande facilité.
Il est convenu qu’elle ira à Nîmes vers Pâques. Elle m’a demandé si elle ne pourrait pas prendre l’habit ici. Je lui ai répondu que je permettais de faire le postulat quelque temps dans les maisons, avec lesquelles on avait eu les premiers rapports, mais que je tenais absolument à ce que l’on prit l’habit au noviciat qui devait être auprès de la supérieure générale.
Je me sens ces jours-ci assez fatigué et je me repose tant que je puis. Adieu, ma chère fille, priez bien Notre-Seigneur que je profite de mon séjour ici pour me sanctifier. Je vais mardi à l’Espérou.
Tout vôtre en N.-S.
E.D'ALZON.2. Voir *Lettre* 4642 n.