DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 176

Bien cher ami,

Ce que vous me dites, quoique succinct, me comble de joie. Il me semble que vous devez offrir d’être le secrétaire ou un des secrétaires du bureau qui a été constitué à Paris. Il faut organiser une croisade en faveur des ouvriers. Le P. Halluin, arrivé hier soir(2), nous apporte d’intéressants détails, mais pas cette généralisation de l’action que vous devez apporter; une croisade en faveur des ouvriers par toute la France. Donnez le mouvement, nous le suivrons. Vous êtes entré dans la bonne voie; il faut vous y maintenir. Vous aurez de l’argent par les dames, vous aurez de l’action par les hommes. Courage, et convertissez Paris et le monde.

E.D'ALZON.

1. La *Lettre* 4404 répondait à une lettre du 8 et à une lettre du 9 septembre. Celle-ci répond à une deuxième lettre du 9 septembre. Les T.D. la dataient de *fin septembre 1871*.
2. Vincent de Paul et le P. Halluin ont passé quelques jours ensemble au congrès de Nevers. Le premier écrit au P. d'Alzon : "En ce qui concerne notre cher P. Halluin [...], je le comprends tout autrement après cette semaine. Il est le petit enfant de l'Evangile, on peut [tout] lui dire et il a besoin d'être guidé. Dans une ville qu'il ne connaît pas, il ne se décide pas à sortir seul - aller payer son compte avec son argent, lui prendre son billet de chemin de fer sont des services qu'il apprécie énormément. Pour aller à Nîmes il est obligé de passer une nuit et un jour en wagon, il m'a dit qu'il n'oserait jamais acheter, manger dans un buffet étant seul, qu'avec moi il le ferait, que depuis son enfance il n'avait jamais osé le faire même dans de longs voyages : il achète un pain chez un boulanger. Cela crée des relations bien spéciales des Frères et du Directeur. La Soeur au départ gronde le Père, lui fait quitter ses habits afin qu'il ne s'expose pas à porter des ... au séminaire de Nevers. Mais le Père ne prend pas des précautions analogues pour ses Frères, ne sachant les prendre que sous une direction pour lui."