DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 11

6 feb 1871 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Un point de vue sur la capitulation de Paris – Nouvelles de diverses personnes – Trouvez des vocations ! – Pierre Baragnon et les élections – Perspectives politiques – Mes espérances de catholique – Une université catholique et une association pour la défense de l’Eglise.

Informations générales
  • DR09_011
  • 4237
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 11
  • Orig.ms. ACR, AG 283; D'A., T.D.27, n.278, pp.232-233.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 ARMEE
    1 BUT DE LA VIE
    1 CAREME
    1 CATHOLIQUE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 COUVENT D'AUTEUIL
    1 DECADENCE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 ELECTION
    1 ESPERANCE
    1 FRANCAIS
    1 GUERRE
    1 GUERRE CIVILE
    1 LOISIRS
    1 MALADES
    1 MAUX PRESENTS
    1 MORALISATION DU PAUVRE
    1 MORT
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 PARLEMENTAIRE
    1 PAUVRETE
    1 POLITIQUE
    1 PRESSE
    1 PURIFICATION
    1 REPUBLIQUE
    1 SANTE
    1 TRISTESSE
    1 UNIVERSITE SAINT AUGUSTIN
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 BAILLY, BERNARD
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BARAGNON, PIERRE
    2 LUTHER, MARTIN
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PATT, EDOUARD
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PIEYRE, ADOLPHE
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 SURVILLE, RAYMOND DE
    2 THIERS, ADOLPHE
    3 ALLEMAGNE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 EST
    3 FRANCE
    3 MAYENCE
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE DE GRENELLE
    3 PRUSSE
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, le 6 février 1871.
  • 6 feb 1871
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Cher ami,

A l’instant, à l’instant, je reçois votre lettre(1). Hélas! hélas! nous sommes au fond de l’abîme et ne l’avons pas volé. Oui, Paris a capitulé, et le croiriez-vous? En étudiant la volonté de Dieu, non au point de vue français exclusif, mais au point de vue catholique, c’est bien fait. Quel carême de quatre mois et demi viennent de faire les Parisiens! Quelle purification de la banlieue! Quelles orgies de moins! Quelle féconde pauvreté de plus! Nous aurons moins d’or, mais fabriquerons plus de fer; nous aurons moins de métiers de luxe, nous aurons plus de travaux moralisateurs. Voyez si la France avait mis en arsenaux ce qu’elle a mis en théâtres, en fusils ce qu’elle a mis en fêtes, en exercices militaires ce qu’elle a mis en bals, en serions-nous où nous en sommes? Hélas! profitera-t-on de la leçon? Dieu le sait.

Votre frère allait bien, mon neveu Jean va bien. Trouvez-nous des vocations. Un religieux mort, un novice renvoyé pour cause de santé, un autre sous les drapeaux, un autre aux mobilisés. Voilà notre bilan.

On n’a pas eu un obus à Auteuil, au moins au couvent. Ici Pierre Baragnon menace de la guerre civile par affiche plus ou moins jaune, si par esprit de conciliation on ne le nomme pas député(2). Nous allons passer trois ou quatre mauvais jours, jusqu’aux élections qui auront lieu le 8, à moins que les élections de Paris ne nous rassérènent. Que vous dire de l’avenir? Thiers(3) pense que la République et l’empire sont morts, mais qu’il ne faut pas enterrer trop vite la République. Quant à moi, plein de tristesse comme Français, je suis plein d’espérance comme catholique. Qui a jamais entendu dire que les désastres de 1814 et 1815 aient amené l’ombre d’une conversion dans nos troupes? Il sortira de là, croyez-le bien, de magnifiques efforts d’apostolat.

Je suis un peu souffrant. Raymond de Surville est mort. Priez pour la fondation d’une université catholique et d’une vaste association pour la défense de l’Eglise. Je vous conjure, quand vous serez libre, de vous arranger pour nous venir le plus tôt que vous le pourrez. Adieu, et tout vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Extraits de la correspondance de Mayence de Vincent de Paul :
Le 25 janvier, à propos des provinces de l'Est et de l'unification allemande, à son frère Emmanuel, "ils ne savent pas encore dans ce pays de pièces et de morceaux qu'une province c'est un membre, c'est à la mère-patrie un enfant très cher...Ils ne comprennent pas surtout assez que la consommation du grand empire luthérien est un malheur que l'instinct catholique repousse." - Le 27 janvier, à Mère M.-Eugénie de Jésus : "Un Allemand ne fait qu'un Allemand; mais un Allemand plus un Allemand font deux Prussiens..." - Le 31, à son frère Bernard : "P. Pernet a reçu dans l'âme toutes les bombes tombées sur Grenelle."
2. L'ancien rédacteur du *Journal de Constantinople* qui dirigeait maintenant un journal appelé le *Bulletin international*, présentait une liste "antibonapartiste, de conciliation et de fusion". Il ne récolta que 200 voix (PIEYRE, *Hist. de la ville de Nîmes*, t.3, pp.104-106). Ses relations avec le P. d'Alzon s'étaient bien refroidies depuis l'époque du voyage de ce dernier à Constantinople (1863).
3. Le 16 janvier Adolphe Thiers se verra confier par l'Assemblée le pouvoir exécutif.