- DR12_363
- 6222
- DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 363
- Brouillon autographe ACR, CQ 257; D'A., T.D. 43, pp. 126-127.
- 1 ADVERSAIRES
1 AMBITION
1 AMOUR DES AISES
1 AMOUR DU PAPE
1 AVARICE
1 BON PRETRE
1 CATHOLIQUE
1 CLERGE FRANCAIS
1 CLERGE REGULIER
1 CLERGE SECULIER
1 COMMANDEMENTS DE L'EGLISE
1 CONCILE DU VATICAN
1 DISTINCTION
1 DOCTRINE CATHOLIQUE
1 DOGME
1 EGLISE NATIONALE
1 EGOISME
1 ENGAGEMENT POLITIQUE
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 EPISCOPAT
1 EVEQUE
1 FRANC-MACONNERIE
1 GRANDS SEMINAIRES
1 HAINE CONTRE JESUS-CHRIST
1 IDEES DU MONDE
1 INDIFFERENCE
1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
1 INTELLIGENCE
1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
1 LACHETE
1 LAICAT
1 LIBERALISME CATHOLIQUE
1 LITURGIE ROMAINE
1 LUXURE
1 MANQUE DE FOI
1 MATERIALISME
1 MINISTERE
1 NOMINATIONS
1 NONCE
1 PETITS SEMINAIRES
1 PIETE
1 PROFESSIONS
1 RELIGIEUX
1 SAINT-SIEGE
1 SALUT DES AMES
1 SATAN
1 SCANDALE
1 THEOLOGIE
1 VICAIRE GENERAL
1 VIE RELIGIEUSE
1 VOL
1 ZELE APOSTOLIQUE
2 DUPANLOUP, FELIX
2 FORNARI, RAFFAELE
2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
2 LOYSON, HYACINTHE
2 MAC-MAHON, PATRICE DE
2 MEGLIA, PIER-FRANCESCO
2 SACCONI, CARLO
2 SAGE, ATHANASE
2 THIERS, ADOLPHE
3 FRANCE
3 ORLEANS
3 PARIS - AU CARDINAL MANNING
- MANNING Cardinal
- [Rome, vers le 9 mars 1878](1).
- 9 mar 1878
- Rome
Note sur l’état de la France au point de vue religieux.
Pour se faire une idée exacte de l’état religieux de la France, il faut la considérer au point de vue des simples fidèles et au point de vue du clergé.
Les fidèles, ou pour parler plus exactement les chrétiens baptisés se partagent en trois catégories:
1° Les ennemis de l’Eglise, en grande partie francs-maçons, animés depuis quelques années d’une haine infernale contre Jésus-Christ. Un homme bien informé m’a affirmé qu’ils allaient jusqu’au culte du diable.
2° Les indifférents, troupeau d’égoïstes, préoccupés de leurs intérêts matériels et de leurs jouissances, ennemis de l’Eglise moins à cause de ses dogmes qu’à cause de ses commandements qui proscrivent le vol et la fornication sous tous ses aspects.
3° Les vrais catholiques. Ils sont les moins nombreux, mais ils sont très actifs. L’espoir du salut est chez ces hommes.
Quant au clergé, en le partageant en clergé séculier et régulier, on ne peut se dissimuler qu’à côté d’excellents prêtres, on en trouve de bien mondains, remplis d’idées humaines, quelquefois scandaleux. L’éducation des petits séminaires n’a en général que peu d’énergie. On y regrette trop souvent l’absence de l’esprit de foi; on y devient beaucoup trop cupide, on parle de l’avancement comme dans les carrières publiques, et ce qu’on apprécie surtout c’est l’argent. Je dis la même chose des grands séminaires.
Le clergé régulier, malgré certains scandales comme celui de l’ex-Père Hyacinthe et quelques autres, est en général édifiant et très zélé.
Sous l’action de Monseigneur Dupanloup, le libéralisme catholique a infecté presque tous les prêtres du clergé séculier de Paris et quelques religieux en petit nombre.
Reste l’épiscopat.
Il ne faut pas oublier que dans les dernières années de l’Empire, on n’était évêque qu’à la condition de prendre certains engagements. J’en ai beaucoup connu un qui avait contracté la promesse de tenter le formation d’une Eglise nationale. J’ai eu entre les mains des pièces imprimées à l’appui; je pourrais en fournir au besoin. Ce sont ces évêques – non pas tous – qui au concile ont fait opposition à l’infaillibilité.
Depuis, M. Thiers avait donné l’ordre de ne nommer que des évêques agréables au Saint-Siège. A l’arrivée du Maréchal Mac-Mahon, M. Dupanloup s’empara des nominations. Il fallut que des ministres fissent le menace de donner leur démission, pour que certains choix excellents fussent acceptés. Et si dernièrement un évêque accusé de libéralisme a été nommé, c’est quand l’évêque d’Orléans a eu repoussé trois candidats excellents sous le rapport de la piété, de la doctrine, du talent et du dévouement au Saint-Siège.
Quel remède?
Avoir un nonce comme le cardinal Fornari, qui a rétabli en France la liturgie romaine, ou comme le cardinal Sacconi, qui a fermé l’entrée de l’épiscopat à 18 candidats indignes, dont plusieurs ont été nommés à son départ; et non pas un nonce qui soit le grand vicaire de l’archevêque de Paris pour le gouvernement de la France ecclésiastique(2).
N’accepter pour l’épiscopat que des hommes distingués par leur piété, leur science et leur zèle, capables de réchauffer le feu sacré chez les prêtres et d’attirer sous leur action les vrais catholiques, lesquels ne demandent pas mieux que d’être conduits, quand on s’occupera d’eux avec intelligence.
2. Raffaele Fornari (1783-1854) fut nonce à Paris de 1842 à 1850; Carlo Sacconi (1808-1899) le fut de 1853 à 1861. Quant au "grand vicaire de l'archevêque de Paris", c'est sans nul doute Mgr Pier-Francesco Meglia, nonce depuis 1875.