- PM_XV_182
- 3008 a
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 182.
- B.N. Manuscrits, Naf 24 634, ff. 189-190. Fonds Veuillot t. XVIII, 2ème série. Compléments de lettres adressées à L. Veuillot 1863-1877; Photoc. ACR, DT 103.|Index liminaire, pièce 1. Alzon (Père d') souscrit pour des actions à l'Univers. Estime qu'il y aura de nombreux abonnements à l'Univers dans le diocèse de Nîmes. Nîmes 29 mai 1867.
- 1 ACTIONS
1 CLERGE FRANCAIS
1 CLERGE NIMOIS
1 DONS EN ARGENT
1 ELECTION
1 PARLEMENTAIRE
1 PRESSE CATHOLIQUE
2 BECHARD, FERDINAND
2 CABRIERES, ANATOLE DE
2 CAZOT, JULES
2 COCHIN, AUGUSTIN
2 DUMAS, ERNEST
2 KELLER, EMILE
2 LARCY, ROGER DE
2 NAPOLEON III
2 SEGUR, FAMILLE DE
2 TACONNET, EUGENE
2 TALABOT, PAULIN
2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
2 VEUILLOT, LOUIS
3 ALSACE-LORRAINE
3 BELFORT
3 FRANCFORT-SUR-LE-MAIN
3 HAUT-RHIN
3 HAVRE, LE
3 NIMES, DIOCESE
3 PARIS, RUE D'ASSAS - A MADEMOISELLE ELISE VEUILLOT
- VEUILLOT Elise
- Nîmes, 29 mai 1867.
- 29 may 1867
- Nîmes
Mademoiselle,
J’ai l’honneur de vous adresser 1000 f. Vous les disposerez comme il vous plaira ou en 4 demi actions ou en 2 actions, à votre choix. Ce qui est sûr, c’est que l’abbé de Cabrières et moi avons fourni notre contingent, c’est que l’anonyme versera ses 900 f. au plus tôt, c’est que Mme Varin ne donnera ses meilleurs francs qu’à la fin de l’année et que votre calcul me semble meilleur que ceux qui se permettent (ô blasphème!) de vous appeller [sic] stupide.
On me garantit 100 abonnements à l’Univers dans le seul diocèse de Nîmes, ou, plutôt, parmi des prêtres de Nîmes seulement. Je voudrais que ce fût vrai et partout vous auriez le quart du clergé.
Ce qui est sûr, c’est qu’ici bien des abonnés au Monde n’ont pas renouvellé [sic] leur abonnement pour attendre l’Univers.
Vous me parlez de prospectus lancés, votre lettre m’est arrivée depuis 2 jours, je n’ai rien reçu. Si j’en recevais une douzaine et plus, je les distribuerais aux tièdes. Hier dans une réunion de 25 prêtres, à [?], la lettre que votre frère m’a écrite a été lue et un très grand nombre a pris l’engagement de s’abonner. Il a été même question pour ceux qui ne pourraient offrir une action entière, d’offrir une action collective. Le projet allait réussir sans l’apparition d’un abonné de la Gazette de France. Mais l’idée sera reprise. Un peu de patience seulement.
Mon avis est que si Taconet(1) fait semblant de s’ouvrir des négociations, on l’envoie promener ou que ne lui offre que très peu. Ce qui serait redoutable, c’est la concurrence de Keller(2). Toutefois je vais vous livrer un moyen de le faire réfléchir.
Ici [Ferdinand Béchard ?] souhaite être député aux prochaines élections(3), je suis à peu près sûr de le faire passer à l’un de nos arrondissements. Il est sûr que s’il s’oppose à votre frère, non seulement je ne le soutiendrai pas mais je le combattrai; déjà pour empêcher que la place soit prise, j’ai signifié mon intention à Cochin(4) qui est venu me voir il y a trois semaines. [… qui eut ou bien envié ?] que je lui laissasse prendre pied. Voyez si vous pouvez vous servir de ces moyens par la voie des Ségur(5).
Si Judith coupa la tête à Holopherne(6), ne pourrais-je pas ici [?] un petit bout de l’oreille du pauvre assyrien?
Veuillez agréer, Mademoiselle, l’hommage de mes plus respectueux sentiments(7).
E.D'ALZON.2. Sans doute s'agit-il du député alsacien du Haut-Rhin, Emile Keller, né à Belfort en 1828 dont les opinions concernant la "question romaine" rejoignaient celles de l'Univers, mais dont les réflexions sur l'encyclique Quanta Cura l'en distançaient. Son rôle est bien connu dans l'Oeuvre des Cercles catholiques après 1870 comme aussi son patriotisme protestataire en faveur de l'Alsace-Lorraine, provinces rattachées de force au Reich allemant lors du traité de Francfort. La résidence parisienne de la famille Keller était au 14 rue d'Assas.
3. Il y eut à Nîmes une élection partielle dans la 3ème circonscription, le dimanche 2 août 1868. L'élu fut Ernest Dumas, le candidat officiel (impérial); le candidat légitimiste M. de Larcy et le candidat républicain Jules Cazot furent franchement distancés.
S'il s'agit des élections générales des 23 et 24 mai 1869, les candidats officiels étaient: Paulin Talabot, Genton, Ernest Dumas et Edouard André. Tous les quatre durent élus. Le comité central électoral catholique porta son choix sur Ferdinand Béchard, adversaire connu du régime impérial et militant de l'opposition catholique. On sait que, d'une façon générale, d'Alzon ne fut guère heureux dans les combinaisons politiques.
4. Augustin Cochin (1823-1872) a également laissé son nom dans l'histoire politique de cette période. Auteur de publications d'économie sociale, il fut le pilier de la reprise du Correspondant sous le Second Empire, membre de la Société St Vincent de Paul, créateur de l'Oeuvre des Cercles ouvriers, parfait représentant de cette bourgeoisie catholique, politiquement orléaniste, ralliée à l'Empire, éprise de culture, de liberté politique et de charité familiale.
5. Autre dynastie familiale du XIXème ralliée à l'Empire qui compte un officier écrivain: Louis Philippe (1743-1830); son frère écrivain, Joseph Alexandre (1756-1805); un autre général et historien, le fils de Louis Philippe: Philippe Paul (1780-1873); un prélat, le fils de la comtesse de Ségur, Mgr Louis Gaston de Ségur (1820-1861)...
6. Rappel biblique du livre de Judith qui dans ce contexte électoral ne manque pas de saveur guerrière!
7. Les notes 1 à 6 sont de J.P. Périer-Muzet. - Cette lettre ne figure pas dans l'édition des lettres du P. d'Alzon (Tome VI, Rome, 1993).
Parmi les lettres connues du P. d'Alzon, celle-ci est la seule où il soit question de la réapparition de l'*Univers* après plus de sept années de silence, et du problème de sa coexistence avec le *Monde* (supprimé en janvier 1860 pour avoir publié sans autorisation l'encyclique *Nullis certe verbis*, l'*Univers* reparut le 16 avril 1867). Par contre de nombreuses lettres adressées au P. d'Alzon abordent cette question.