- DR07_347
- 3632
- DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 347
- Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 5, pp. 114-116.
- 1 CONCILE DU VATICAN
1 CURES D'EAUX
1 EXAMEN DES JEUNES PRETRES
1 INTEMPERIES
1 LACHETE
1 ORGUEIL
1 REFORME DU COEUR
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 SANTE
2 ADAM
2 ALTENHEIM, MARIE-ANTOINETTE D'
2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
3 EAUX-BONNES
3 VIGAN, LE - A SOEUR MARIE-IMELDA BINET
- BINET Marie-Imelda ra
- Nîmes, 14 juillet [18]69.
- 14 jul 1869
- Nîmes
Ma chère enfant,
Je puis vous assurer que je n’ai point eu l’intention de vous punir, mais je suis quelquefois souffrant, et alors je laisse forcément un peu de côté ma correspondance. Je n’ai pu vous répondre plus tôt, parce que je suis pris. La semaine dernière, j’avais les examens des jeunes prêtres; cette semaine, Monseigneur veut que je me prépare un peu sérieusement au concile, et ce n’est pas, je vous l’assure, une petite affaire. Mais je vous assure que je n’ai rien changé à mes bonnes dispositions pour vous.
Je comprends à merveille que vous soyez abattue, non par mon silence, mais par les chaleurs. Elles sont ici étouffantes, et on dort le jour, parce qu’on ne peut plus dormir la nuit. Je ne veux donc pas trop vous gronder, parce qu’en effet vous avez à lutter contre le démon du midi. Vilain démon, s’il en fût jamais! Mais cela va passer, et j’espère bien que, d’ici à quelque temps, vous allez vous remonter tout bellement, comme dirait saint François de Sales.
Vous trouvez extraordinaire d’être orgueilleuse. Ma fille, moi je vous assure que, depuis que je vis, je trouve tant d’orgueil aux fils d’Adam et aux filles d’Eve que je me demande sans cesse pourquoi nous n’avons pas un second déluge, pour balayer toutes les horreurs que l’orgueil est capable de produire. Quant à vos désirs, ils sont ceux d’une personne bonne, mais prodigieusement faible et qui ne sait pas s’établir courageusement dans l’ordre surnaturel. Du reste, vous avez parfaitement fait de m’écrire, et vous voyez que dès que je le puis je vous réponds. Oui, mon enfant, vous pouvez compter sur moi. Seulement ne cherchez pas trop auprès de moi les consolations, je suis incapable de les procurer. Je vous aiderai, autant qu’il dépendra de moi, à remonter vos forces et à les diriger du côté du bien et du parfait. Quant aux consolations, voyez-vous, je n’en vois pas encore la nécessité pour une religieuse et surtout pour une Assomptiade.
Soignez-vous bien aux Eaux-Bonnes, si vous y allez. Pour moi, je vais m’enfoncer dans les montagnes du Vigan, pour étudier tant que je pourrai. Si, à la seconde saison des eaux, un petit souffle de l’obéissance vous envoyait passer quelques jours à Nîmes, je serais bien heureux de vous y voir, mais je ne sais absolument rien des projets de votre Mère générale pour le retour de la seconde saison des eaux.
Adieu, mon enfant. Je ne me relis même pas, afin d’avoir le temps de souhaiter un petit bonjour à Soeur M.-Antoinette par votre intermédiaire. Veuillez dire aussi à votre Mère combien j’ai été heureux de la retrouver à Paris. Vraiment les filles de l’Assomption sont des personnes très aimables, depuis les anciennes jusqu’aux plus jeunes. Je vous avouerai cependant bien bas que les toutes jeunes ont un peu moins un certain cachet, que celles de votre génération(1) doivent leur enseigner d’exemple.
Adieu, ma fille. Mille et mille fois vôtre en Notre-Seigneur.
E.D'ALZON.