- DR07_148
- 3385
- DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 148
- Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 407; D'A., T.D. 29, n. 132, pp. 160-162; QUENARD, pp. 100-101.
- 1 CHARITE ENVERS DIEU
1 DETACHEMENT
1 EPOUSES DU CHRIST
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
3 NIMES
3 VICHY - A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
- CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
- Bagnères de Bigorre, 24 août [18]68.
- 24 aug 1868
- Bagnères de Bigorre
Je veux vous répondre encore, ma bien chère enfant et aussi bien chère petite Mère. Nous nous verrons dans huit ou dix jours au plus tard, et nous aurons bien des choses à nous dire. Je comprends, pauvre enfant, les déchirements de votre coeur. Il est très vrai que N.-S. trouve sa joie à contempler ces séparations volontaires, et où le sacrifice fait endurer ce qu’il a de plus douloureux. Qu’est-ce que l’amour qui ne se prouve pas? Et quelles preuves Notre-Seigneur demande-t-il, sinon celles qui ressemblent aux preuves qu’il nous a données lui-même? Quant à moi, rien ne me ravit comme ce perpétuel enfantement des épouses de Dieu, qui s’opère dans la douleur et qui produit de si magnifiques fruits de sainteté. C’est dans cette douleur que se forgent les âmes parfaites, les âmes séraphiques; elles brûlent d’amour et veulent sans cesse devenir plus ardentes, plus flamme.
Vous êtes faite pour cette vie, Marie. Si votre coeur prend son élan, monte, monte et ne consent jamais à redescendre, c’est vers ce qu’il y a de plus pur, de plus aimant, de plus immolé que vous devez aspirer d’une soif inextinguible. Aimer votre mère, aimer votre soeur, c’est bien; mais aimer votre Dieu et votre époux pendant l’éternité!!! Il est des âmes, à qui le mélange est permis. Dieu ne s’y oppose pas, quand on veut l’aimer d’un amour vulgaire. Mais quand il a mis sa main très jalouse sur un coeur et qu’il lui a dit: « Tu m’appartiens, et tout entier, et pour toujours; et plus tu te donneras, et plus je me donnerai, et en époux, et en Dieu »; oh! alors, il a des exigences incomparables; alors il fouille avec toutes ses torches, comme il le dit lui-même; il exige la destruction de tout ce qui n’est pas lui ou qui ne se transforme pas pour lui.
Je voudrais, à votre retour de Nîmes, que nous pussions exercer l’un sur l’autre cette surveillance qui nous aiderait à rendre notre amour pour Notre-Seigneur le plus profond, le plus intime, le plus ardent. Je considère votre retour comme une époque de transformation. Laissez à Vichy toutes vos misères spirituelles; arrivez-nous, transfigurée par l’amour.
Si vous ne devez pas être samedi à Nîmes, vous pouvez m’y écrire.
Adieu, ma fille. On m’a dérangé, et je veux que cette lettre parte par le courrier, comme un gage de la promesse que je vous fais devant Notre-Seigneur de travailler plus fortement que jamais pour vous aider à devenir un séraphin.
E.D'ALZON.