DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 386

9 oct 1867 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Hélène Bolze. – La rentrée n’est pas brillante. – Analyse de la situation au collège.

Informations générales
  • DR06_386
  • 3146
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 386
  • Orig.ms. ACR, AD 248; D'A., T.D. 23, n. 951, pp. 277-279.
Informations détaillées
  • 1 ANTIPATHIES
    1 APOSTOLAT DE L'ENSEIGNEMENT
    1 CHEFS D'ETABLISSEMENT
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONTRARIETES
    1 DEFICITS
    1 ECONOMIES
    1 ELEVES
    1 FRANCHISE
    1 MAITRES
    1 OBLATES
    1 PARENTS D'ELEVES
    1 PENSIONNAIRES
    1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
    1 REGLEMENT SCOLAIRE
    1 RELIGIEUX ANCIENS
    1 SUPERIEUR
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BOLZE, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 BOLZE, SIMEON
    2 BOUCHET, CASIMIR
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 TROTMAN, EDOUARD
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
    3 VALS-PRES-LE-PUY
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 9 oct[obre 18]67.
  • 9 oct 1867
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je reçois votre lettre à l’instant. Je pense que le meilleur serait qu’Hélène ne vînt pas. On a examiné si l’on me consulterait, on a prévu un refus, on s’est passé de mon avis. A dire vrai, je partage votre opinion. Il me semble que nous finirons par tomber dans le genre bonne femme. Soeur Jeanne-Emmanuel a su tenir bon à Vals et refuser d’aller à une demi-heure voir sa tante, chez qui, en ce moment, sa mère se trouvait. Du reste, M. Bolze est à peu près perdu d’une maladie de coeur, peut-être est-il mort en ce moment.

La rentrée n’est pas brillante, mais il ne faut rien dire de si triste. L’an passé, nous avions 112 élèves; cette année, nous en avons déjà 107. Deux ont été présentés aujourd’hui, nous en attendons encore d’autres. Seulement, nous avons un peu moins d’internes, mais je m’en console, c’est un groupe de mécontents qui fait défaut. Puis, le P. V[incent] de Paul prétend que c’est la faute des études. La maladie de M. Durand, les absurdités de M. Bouchet y ont été pour beaucoup. Ajoutez à cela l’obstination systématique du P. Vincent de Paul à changer l’esprit de l’Assomption, le mécontentement des élèves sur ce chapitre, celui des parents qui n’était pas moins grand, ce système de défiance universelle qui consistait à tout soupçonner, et l’irritation causée chez ceux qui s’apercevaient qu’ils étaient pris par ruse, la conviction profonde de ce pauvre garçon que je cherchais à l’éliminer, lorsque je cherchais à lui être agréable, comme pour le voyage de Rome où certainement j’ai cru lui faire plaisir et où il n’a vu que le plan très arrêté de l’empêcher de revenir à l’Assomption, ce qui le lui a fait hâter d’une façon si absurde et que je ne m’expliquais pas. De tout cela il résulte une profonde tristesse de sa part, un grand ennui chez les élèves, chez les maîtres, c’est-à-dire chez Messieurs Durand et Bouchet et Trotman, et chez presque tous les religieux, sauf les plus jeunes, un mécontentement et une opposition, que je ne cherche plus à combattre, puisque c’est pour le règlement, pour les traditions, pour l’ancienne Assomption qu’ils se battent(1).

De tout cela il résulte:

1° Que nous avons moins d’élèves, mais que nous sommes maîtres de ceux qui restent;

2° Que l’opinion universelle est que le P. V[incent] de Paul a éloigné, désaffectionné les enfants par son système de défiance, qu’il a excité contre lui tout ce qui tient à la vieille Assomption;

3° Que j’ai le droit de parler clair et net; que les enfants, j’en suis sûr, reviendront quand les études seront prises au sérieux;

4° Que je puis en ce moment m’occuper de la maison; que je m’en occupe, en effet, en voyant beaucoup les religieux, dont je m’empare tous les jours un peu plus;

5° Que le P. Emmanuel prend tous les jours davantage une position de confiance aux yeux des élèves et que, sous très peu de temps, il pourra remplacer très avantageusement son frère(2). C’est la très profonde conviction du P. Hippolyte, de M. Durand et la mienne.

Nous aurons un déficit plus grand que celui de l’an dernier, mais en comparant les professeurs employés ou domestiques que les Oblates remplacent et en établissant la balance des dépenses des uns et des autres, j’arrive largement à une économie de 3.000 francs, sans compter les gaspillages de la cuisine qui vont diminuant incontestablement.

De cela il résulte que nous nous posons toujours plus en religieux, que comme religieux nous pouvons, si nous voulons en prendre la peine, acquérir une bien plus grande influence sur les élèves qui sont restés et leur faire du bien, de façon à relever le niveau moral et intellectuel de la maison. A ce point de vue, la rentrée peu nombreuse me satisferait, au lieu de m’attrister. Reste à savoir quand le P. V[incent] de Paul devra partir. Franchement je serais tenté de lui donner sa liberté à la fin de novembre. Mais alors mon voyage à Paris ne pourrait avoir lieu, à moins que le P. Emmanuel ne fît si bien que je pusse tout lui confier. Nous verrons cela.

J’ai dit, ce matin, la messe du Saint-Esprit au prieuré. La Mère Marie-Gabrielle va mieux, mais je suis heureux de voir que Nîmes lui va mieux que le Nord. C’est réellement une précieuse fille.

Tout vôtre, ma chère fille, en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Ce que je dis du collège est pour le P. Picard comme pour vous.1. Mère M.-Eugénie, elle aussi, a eu les confidences du P. Bailly: "le Père comprend que je désire à tout prix ne plus porter le collège tandis que je désire seulement, comme indispensable selon moi, ne plus porter la situation telle que le Père sans s'en douter me la fait" (3 septembre).
2. Le P. Emmanuel, qui commence l'année comme sous-directeur du collège, a ouvert un cahier (CD 11) où il donne un compte rendu de la réunion des professeurs du collège de Nîmes tenue le 8 octobre à la rentrée de l'année scolaire 1867-1868. Ce compte rendu comporte une liste des professeurs et le discours prononcé par le P. d'Alzon (*Ecrits spirituels*, pp. 1381-1387). Il se termine par les mots suivants: "Le T.R.P. d'Alzon annonce ensuite qu'il dira chaque mardi la messe à la petite chapelle pour MM. les professeurs. Il la commencera quelques minutes avant 7 h. de façon qu'il puisse adresser quelques paroles d'exhortation et avoir fini à 7 h. 1/2."