DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 259

19 may 1867 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Examinez si vous aimez Dieu comme il vous le demande. – Oblates pour Nîmes. – Ce que l’on fait et ce que l’on est. – Ce que vous devez faire et ce que vous devez être.

Informations générales
  • DR06_259
  • 3007
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 259
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 404; D'A., T.D. 29, n. 74, pp. 85-87; QUENARD, pp. 64-66.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ADORATION
    1 AME EPOUSE DE JESUS CHRIST
    1 ANIMATION PAR LE SUPERIEUR
    1 APOSTOLAT
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 OBLATES
    1 PENSEE
    1 REPOS
    1 SUPERIEURE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE SILENCE
    2 ARNAL DU CUREL, MADAME
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 DAMENNE, LOUISE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 FABRE, ROSALIE
    2 SARRAN, VALERIE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 NIMES
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 19 mai 1867.
  • 19 may 1867
  • Le Vigan
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je vous en voudrais d’être malade, si je pouvais le moins du monde soupçonner qu’il y a de votre faute. Mais voilà que je crains qu’il n’y ait de la mienne. Est-ce qu’avec toutes mes combinaisons, mes plans, mes projets, je ne vous cause pas un peu trop d’émotions? Je veux pourtant prendre les choses par le bon côté, et le repos forcé que vous vous imposez a aussi ses avantages, car il me semble que ne pouvant parler vous pouvez réfléchir, et, pour si hypocrite que vous soyez, il vous faut bien par force vous mettre en face de Dieu. Examinez donc si vous l’aimez comme il vous le demande. Il me semble que vous avez encore bien à faire pour être aussi haut que vous êtes capable de parvenir par la grâce de Dieu.

J’ai annoncé à Soeur Valérie, à Soeur Louise et à une petite Soeur Rosalie, que je les prendrais à Nîmes. Je n’ai rien dit à Soeur Valérie de sa future supériorité, mais aussitôt hors du Vigan, je la lui annoncerai, parce que je veux avoir la possibilité de lui parler un peu plus ainsi qu’à Soeur Louise. Evidemment, il y a des tiraillements à Rochebelle, mais après avoir bien examiné, combiné avec le P. Hippolyte et Mme Arnal, nous sommes arrivés à cette conclusion que, quand on ne peut pas avoir des tourdes(1) il faut se contenter de merles, et le merle est Soeur M.-Emmanuel, qui est évidemment un peu toquée. Ce n’est ni votre faute ni la mienne; nous nous en contenterons pourtant, tant que Dieu voudra nous la donner ou nous la laisser.

Mais, ma chère enfant, laissez-moi vous dire que la vie se compose de deux parts, ce que l’on fait et ce que l’on est. Ce que l’on fait ou ce que l’on doit faire, c’est ce que vous savez fort bien à présent. Vous devez faire une oeuvre d’Oblates, comme votre soeur à qui vous pouvez lire ces quelques lignes, croit devoir faire les oeuvres d’une Carmélite. Mais ce qu’on doit être est tout différent. C’est une vie toute intime sous l’oeil de Dieu, dans le silence, l’adoration, l’amour. Ce qu’on doit être se réalise par une lutte incessante, par un détachement complet du monde et de soi-même, par le perpétuel sacrifice de sa volonté propre, par cet élan de la flèche qui part vers son but, de la flamme qui monte vers le ciel, de l’amour qui vole vers Dieu et souffre jusqu’à ce qu’il lui soit entièrement uni. Oh! chère petite Mère, quand serez-vous cela? Une véritable épouse, un vrai séraphin, vous consumant sans cesse jusqu’à ce que vous ne soyez qu’un avec Dieu! Voilà ce qui vous est demandé, ce que je demande aussi pour votre soeur, quel que soit le lieu où elle aille allumer cet embrasement de son coeur. Quant à vous, vous êtes obligée d’aimer bien plus qu’Augustine, puisque vous devez avoir des flammes contagieuses, qui consument non seulement votre âme, mais toutes les épouses de Notre-Seigneur qui vous seront confiées.

Adieu, chère petite Mère. Soignez-vous et croyez que je pense bien à vous devant Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
A vendredi, pour l'anniversaire de la fondation. Soignez-vous pour ce jour-là, je l'exige. Mes souvenirs à Louise Coulomb.1. Des merles.