DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 300

10 may 1865 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Quelle Soeur croyez-vous pouvoir me prêter pour les Oblates, et quand le pourrez-vous? – Suis-je encore l’ouvrier qui doit travailler à votre perfection? – Voyez ce que je dois vous être. – En finir avec tous nos malentendus pour marcher en confiance, simplicité, ouverture et cordialité.

Informations générales
  • DR05_300
  • 2507
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 300
  • Orig.ms. ACR, AD 1376; D'A., T.D. 23, n. 835, pp. 163-164.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 JOIE
    1 MAITRESSE DES NOVICES
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OBLATES
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PERFECTION
    1 SIMPLICITE
    1 SOUFFRANCE SUBIE
    1 SUPERIEURE
    2 BOSC, FRANCOIS DE SALES
    2 HUGUES, MARIE DES ANGES
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes], 10 mai 1865.
  • 10 may 1865
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je sais que vous avez été très occupée; pourtant je voudrais bien que vous pussiez me dire si, quand et quelle Soeur vous croyez me prêter pour les Oblates(1). Je serais bien aise qu’elle fût au Vigan pour le 24, mais cela n’est pas indispensable. Mais enfin il serait utile que si vous pouvez donner quelqu’un, ce fût le plus tôt possible.

Je me sens en ce moment une grande tendresse pour votre âme et une grande joie à la pensée que je pourrais lui faire du bien. Mais puisque je vous ai tant fait souffrir, examinez devant Dieu si nos rapports doivent continuer ou si je ne suis plus l’ouvrier qui doit travailler à vous donner la perfection(2). Je crois être assez humblement votre ami pour accepter que vous me disiez: « Mon Père, je n’ai plus besoin de vous ». Si, au contraire, je dois être l’appui de vos dernières années, dites-le aussi; j’y ai de l’attrait, mais sans autre préoccupation que de faire ce que je crois agréable à Notre-Seigneur. Il est la source de toute affection, il m’en donne énormément pour votre âme, avec quelque chose de plus fort et de plus simple à la fois. Voyez ce que je dois vous être. Mais il me paraît qu’il est utile d’en finir avec tous nos malentendus pour marcher en confiance, simplicité, ouverture et cordialité.

Mille fois vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Pour la religieuse à donner aux Oblates, quelles qualités devrait-elle avoir? a demandé Mère M.-Eugénie le 1er mai. Ce sont ces qualités que je crains de ne pas pouvoir trouver réunies dans une soeur." Nous n'avons pas la réponse du P. d'Alzon qui a dû proposer Soeur Marie des Anges car, le 5 mai, Mère M.-Eugénie écrit: "Je crains que Sr Marie des Anges soit encore bien peu religieuse et ne nous fasse pas assez d'honneur dans une oeuvre; s'il ne vous faut pas plus que cela, je vais chercher et ma première lettre vous offrira quelques noms." Le 11 mai, elle avance le nom de Soeur François de Sales et regrette que Soeur M.-Madeleine ne soit pas libre. Ce sera cette dernière cependant qui ira au Vigan et sera la première supérieure des Oblates.
2. Voici la réponse de Mère M.-Eugénie à cette question:
"Mon cher Père, [...] la question que vous me faites, je me la fais depuis quelque temps, et la réponse est que ce n'est pas possible sans nous voir plus. N'allez pas, je vous en prie, conclure que j'ai *le projet* de vous faire venir; non, mon père, je ne joue pas avec une telle question, elle me touche de trop près; croyez bien que *tout* en moi y est engagé, et c'est pour cela même que je crains. Vous n'êtes pas l'homme des lettres ou je ne sais pas les lire, toujours est-il que j'ai trouvé dans beaucoup des vôtres ce que vous m'avez assuré n'y avoir pas voulu mettre; d'autre part il y a bien des choses en moi que je craindrais de dire, à moins qu'elles ne sortissent comme d'elles-mêmes avec leur vérité dans les occasions et à moins d'être encouragée à chaque pas par des rapports simples et faciles. Depuis longtemps je crains dans nos rapports, je crains de dire, je crains de faire, je crains les réponses et je crains encore plus vos suppositions que mes paroles. Laissez-moi avouer que je crains aussi que vous ne soyez pas assez saint pour donner la paix et la garder devant mes défauts, devant vos impressions [...] En attendant les pas que vous faites vers moi sont, croyez-le, sentis par moi dans toute leur étendue et je vous en remercie de tout mon coeur, où ils s'impriment comme une bonté inattendue de N.-S." (12 mai).