DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.184

19 dec 1859 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Pour l’année prochaine elle prendra pour devise *Mihi vivere Christus est*. – Elle lira attentivement le premier livre de *La nuit obscure* de saint Jean de la Croix. – N.S. nous veut un peu plus oublieux de nous-mêmes. – Il se sent porté à un grand renouvellement intérieur. – Retraites en perspective. – Il ne pense pas aller à Rome et n’ira à Paris en janvier que si sa présence y est utile. – Vocations de religieuses: Hélène Bolze et Marie Correnson.

Informations générales
  • DR03_184
  • 1333
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.184
  • Orig.ms. ACR, AD 1216; D'A. T.D. 22, n. 594, pp.249-250.
Informations détaillées
  • 1 DECRET D'APPROBATION AUX ASSOMPTIONNISTES
    1 JESUS CHRIST VIE DU RELIGIEUX
    1 NOVICIAT
    1 OUBLI DE SOI
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRIEURE DE NIMES
    2 BOLZE, MADAME SIMEON
    2 BOLZE, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
    2 LAURENT D'AOSTE, CAPUCIN
    2 REBOUL, JEAN
    3 AVIGNON
    3 MANS, LE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes], 19 décembre [18]59.
  • 19 dec 1859
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Vous vous trouvez donc orgueilleuse et légère. Permettez-moi de vous donner un conseil. Le premier, de prendre à Noël la résolution d’être enfin la mère de Notre-Seigneur, comme toute vierge chrétienne devrait l’être, de lui donner de votre substance et de prendre pour devise de toute l’année prochaine: Mihi vivere Christus est. Le second avis, c’est de lire attentivement au moins le premier livre de La nuit obscure de saint Jean de la Croix. Il y a là des conseils excellents pour quelqu’un dans votre situation. Il me semble que Notre-Seigneur nous veut un peu autres, un peu [plus] oublieux de nous-mêmes et plus attachés à ce qu’il veut, lui, en dehors de nos inclinations personnelles. Je suis, pour mon compte, porté à un grand renouvellement intérieur; nous verrons ce qui en résultera.

On vient de me demander, pour le 8 sept[embre] prochain, de prêcher la retraite des Conférences d’Avignon. Je vous dis en toute simplicité que l’on a été très content de celle que j’ai donnée ici(1). Reboul prétend que mes facultés ont doublé. Je ne le pense pas, mais si mes forces y suffisent, j’en serai bien heureux. Egalement si quelque évêque de vos amis voulait me faire prêcher(2), les premiers jours d’août, une retraite pastorale, je n’en serais pas fâché. Peut-être enfin finirai-je par trouver quelques sujets pour notre petite Congrégation.

Je tâcherai d’arranger l’affaire du déjeuner(3). Je ne pense pas aller à Rome(4), et si ma présence est utile à Paris, du 20 janvier au 16 février, je pourrai y aller passer quelque temps; sinon, je resterai ici où je crois réellement faire un peu de bien. Hélène Bolze grille de vous arriver, mais sa mère est si bornée! La fille ne l’est pas peu. Marie Correnson vous arrive au galop, mais son caractère veut se réformer dans le monde; ce serait trop dur pour le noviciat.

Adieu ma fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Aux Conférences de Saint-Vincent de Paul.
2. Dès le 23 décembre, Mère M.-Eugénie lui signalera une possibilité de prédication au Mans, le P. Laurent capucin, sur lequel on comptait pour la retraite pastorale, étant malade. Le P. d'Alzon prêchera une retraite sacerdotale au Mans en 1862.
3. Le petit déjeuner du P. Galabert au Prieuré (voir *Lettre* 1331).
4. Le P. d'Alzon, qui songeait à se rendre à Rome pour obtenir l'approbation de la congrégation, répond ici à une question de Mère M.-Eugénie qui lui donne en même temps son avis: "Allez-vous toujours à Rome? Il me semble que ce n'est pas désirable tant que vous ne pourrez rien dire de plus favorable de votre noviciat" (lettre du 16 décembre). Le décret d'approbation de la congrégation sera donné le 26 novembre 1864.