DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.49

28 mar 1859 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Séduit par la figure de saint Charles Borromée, il lui demande de l’aider à découvrir la volonté de Dieu dans sa propre situation. – L’évêque approuve les constructions, que lui-même suit de près.

Informations générales
  • DR03_049
  • 1212
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.49
  • Orig.ms. ACR, AD 1177; D'A., T.D. 22, n° 555, pp. 206-207.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 IMITATION DES SAINTS
    1 IMMEUBLES
    1 JARDINS
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 TERRAINS
    1 VICAIRE GENERAL
    2 BOLZE, MARIE-GERTRUDE
    2 BOLZE, SIMEON
    2 CABRIERES, HUMBERT DE
    2 CHARLES BORROMEE, SAINT
    2 CHAUVAT, MARIE-GENEVIEVE
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes, le] 28 [mars 18]59(1).
  • 28 mar 1859
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Il y a quelques moments que je vous écrivais; je reprends la plume et je viens parler avec vous encore, mais cette fois-ci de moi. Veuillez examiner.

Vous savez qu’on m’accuse de vouloir imiter tous les saints dont je lis la vie. On lit en ce moment au réfectoire la vie de saint Charles, et je vous préviens que je n’ai envie d’être ni archevêque ni cardinal; mais la beauté, la force, l’énergie, la persévérance de ce caractère me transportent. D’autre part, le bien que je cherche à faire à mes enfants m’attache à eux; d’autre part, encore, les quelques novices que je vois nous arriver me portent à croire qu’il en viendra d’autres, mais, d’autre part aussi, ma santé si peu forte et qu’un léger effort met à bas, me démoralise. Que faut-il faire? Où est dans cette situation la volonté de Dieu? Franchement je l’ignore. Quelquefois je me reproche de me tenir trop aux détails, à de petites choses; quelquefois je me trouve incapable de quoi que ce soit d’un peu fort. Qu’est- ce que Dieu veut de moi? Il me semble que je suis prêt à tout faire, si je le vois clairement, mais par moments je vois trop et par moments je ne vois rien.

Donnez-moi donc votre idée, si vous en avez une.

Pour le quart d’heure, ce qui me semble le plus clair, c’est que je dois me concentrer dans mon oeuvre et y mettre toutes mes forces, mais alors arrivent les tiraillements du grand vicariat. Faut-il le lâcher et lâcher du coup le moyen de faire vivre trois ou quatre religieux? Ce n’est rien et c’est beaucoup. Si vous saviez ce que c’est que cette situation perplexe(2)!

Je viens de voir Soeur M.-Gertrude. Soyez persuadée que vos intentions seront suivies et que, quant à la question de la dot, je tiendrai ferme dans le sens que vous désirez.

L’évêque prend tous les jours plus goût à votre couvent; depuis quinze jours ou trois semaines, il y est allé trois fois. C’est qu’en effet il prend une très jolie tournure. J’attends Humbert de Cabrières pour le plan du jardin. J’ai vu M. Revoil qui n’avait pas, malgré mes prières touché un certain plan, mais Humbert me l’arrangera.

J’ai fait faire une petite modification à l’arrangement à faire avec M. Bolze pour son terrain, de telle sorte que nous aurions à lui céder quelques mètres de façade de moins; il serait difficile de vous l’expliquer sans le plan, mais le P. Hip[polyte] et M. Revoil, à qui je l’ai indiqué sur les lieux, l’ont parfaitement compris et trouvé très avantageux.

M. Revoil vous conjure de lui renvoyer le calque qu’il vous a remis du plan définitif; il ne l’a pas conservé et il en a besoin pour certains détails.

Je vais me rendre dans un moment avec Soeur Franç[oise]-Eug[énie] et Soeur M.-Genev[iève] au terrain pour certains arrangements qui tracassent d’avance la Soeur économe.

Adieu, ma fille. J’ai mille choses à vous dire qui m’échappent.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le ms porte: *28 fév 59*, c'est *mars* qui convient.
2. Mère M.-Eugénie répondra le 1er avril: "Si une misérable personne peut vous donner des conseils, ce sera celui d'aller doucement, de rester encore grand vicaire quelque temps pour ne pas vous créer une nouvelle gêne d'argent avant que les affaires de Clichy soient réglées, de prendre des heures de silence pour y vivre avec les saints et le bon Dieu dans le recueillement. Je n'ai rien vu qui fît sur vous un effet de sanctification plus sensible, et ce moyen s'accorde avec l'état de petite santé où Dieu vous tient. Que vous vous concentriez, cela me semble juste; mais chez vous-même ne faites pas trop; priez, reposez-vous et ne laissez pas votre activité se trop réveiller, ce pourrait être un réveil de nature."