- DR03_018
- 1182
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.18
- Orig.ms. ACR, AL 402; D'A., T.D. 36, n. 6, pp. 120-122.
- 1 DON DE SOI A DIEU
1 EFFORT
1 ENERGIE
1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
1 PENITENCES
1 SAINTE COMMUNION
1 SALUT DES AMES
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
3 SEDAN - A Soeur Marie du Saint-Sacrement de Gouy
- GOUY Marie du Saint-Sacrement ra
- Nîmes, le 13 janvier 1859.
- 13 jan 1859
- Nîmes
- Evêché de Nîmes
Je trouve enfin, ma bien chère enfant, la possibilité de causer un moment avec vous. Je ne puis vous dire le plaisir que m’a fait la lecture de vos résolutions; elles sont, en effet, très bonnes. Il s’agit de les tenir. Et il me semble qu’en effet vous en avez une très bonne occasion, en mettant la main à l’oeuvre pour être à Sedan tout ce que l’on veut que vous y soyez.
Les quatre vertus que notre Mère constate en vous sont quelque chose, en effet, de très remarquable, et il y a de quoi en être fier.
En vous rappelant qu’il faut que le grain meure pour produire du fruit(1), rappelez-vous aussi que ce grain doit plus tard encore être moulu pour produire du pain, et que le grain de votre âme est plus particulièrement destiné à devenir pain eucharistique. En effet, tout votre être doit tendre là. Votre vie, c’est Jésus-Christ(2), et s’il se donne à vous dans la sainte hostie, c’est pour vous apprendre à devenir ce pain mystérieux qu’il offre à son Père et qui continue dans les siens son sacrifice et son immolation.
Votre séjour à Sedan peut y être très utile à votre avancement. Comme vous me le dites, vous en serez brisée, mais peut-être y prendrez-vous une nouvelle vie, et vous la prendrez pour faire périr en vous tout ce que Notre-Seigneur y trouve de blâmable.
Donc il faut mettre la main à l’oeuvre et la mettre sans aucune hésitation, tout donner, tout abandonner, ne rien retenir et laisser Notre-Seigneur disposer du fond de votre âme. N’oubliez pas que vous êtes faite pour une vie de prière, autant que d’action, et que, obligée d’agir, il faut continuer votre prière. Qu’il soit entendu que jamais votre coeur ne perdra le sentiment de ce qu’il est, c’est-à-dire le sanctuaire de votre Epoux.
Sans doute, le séjour de Sedan sera pour vous l’occasion de quelques sacrifices. Mais, sans ces sacrifices, que serait votre vie de religieuse?
Tâchez d’acquérir un peu d’énergie et de faire du bien aux âmes, non pas pour qu’on dise que vous êtes bonne, mais pour rendre en effet les gens meilleurs et plus agréables à Dieu.
Je vous laisse, ma bien chère enfant, avec l’espoir que nous nous reverrons plus tôt que vous ne pensez. Après tout, il faut vouloir toutes les dispositions de Dieu à notre égard. Mais vous savez bien qu’il y a des liens que rien d’humain ne peut ni rompre ni dénouer.
Tout vôtre, ma fille, avec la plus paternelle affection.
E.D'ALZON.2. Ph 1, 21.