LETTRES AU MAITRE DES NOVICES – Sage, ECRITS SPIRITUELS

Informations générales
  • ES-0160
  • LETTRES AU MAITRE DES NOVICES
  • TROISIEME LETTRE - De l'avènement du royaume de Dieu - De quelques moyens
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS
Informations détaillées
  • 1 ACTES PONTIFICAUX
    1 ADVENIAT REGNUM TUUM
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 ATHEISME
    1 BOURGEOISIE
    1 BUT DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CACHET DE L'ASSOMPTION
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CHRISTIANISME
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONCORDATS
    1 CONGREGATIONS DE FEMMES DE L'ASSOMPTION
    1 CORRUPTION
    1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 DEMOCRATIE SOCIALISTE
    1 DESPOTISME
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 DEVOUEMENT ASSOMPTIONNISTE AU SAINT-SIEGE
    1 DIEU LE FILS
    1 DIEU LE PERE
    1 EGALITE
    1 EGLISE
    1 EMPIRE DE SATAN
    1 EVANGELISATION DES PAUVRES
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 IDEES DU MONDE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JUIFS
    1 LIBERTE
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 MAITRE DES NOVICES ASSOMPTIONNISTE
    1 MAUX PRESENTS
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 MONDE ADVERSAIRE
    1 MORALE INDEPENDANTE
    1 MOUVEMENT DEMOCRATIQUE
    1 NOBLESSE
    1 OEUVRES OUVRIERES
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 PAPE
    1 POLITIQUE DE L'EGLISE
    1 PROVIDENCE
    1 REGNE
    1 REGNE DE VERITE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SAINT-SACREMENT
    1 SAINTETE
    1 SEMINAIRES
    1 SEPARATION DE L'EGLISE ET DE L'ETAT
    1 SOCIETE
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 SOUVERAINETE DIVINE
    1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
    1 TRINITE
    1 VOLONTE DE DIEU
    1 ZELE POUR LE ROYAUME
    2 MACCABEES
    3 ANDRINOPLE
    3 AUSTRALIE
    3 AUTRICHE
    3 ESPAGNE
    3 ITALIE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
La lettre

Mes très chers Frères,

Le but que Dieu semble vouloir assigner à notre petite Congrégation se caractérise tous les jours par les diverses oeuvres, qui, sans initiative de notre part, viennent se grouper autour de nous. Un collège à Nîmes, une résidence à Paris, les missions dans les campagnes, des stations dans les grandes villes, des Associations générales comme celles pour l’observation du dimanche, l’adoration nocturne, une école à Philippopoli, un séminaire à Andrinople, des missions en Australie, la Congrégation des Dames de l’Assomption, celles des Oblates, des Gardes-malades des pauvres, sont des sujets divers à notre activité. Mais n’est-il pas à craindre que, en portant notre pensée sur tant de points différents, nous n’éparpillions nos forces et ne finissions par les diminuer? C’est pour cela qu’il me paraît important de vous rappeler, d’une manière plus positive et plus précise, que notre vie se trouve dans une pensée générale, qui doit faire notre vie commune et grouper en faisceau tous nos efforts par un lien commun. I

Le règne des trois personnes de la sainte Trinité

Notre devise, Adveniat regnum tuum, nous donne cette pensée générale. Nous souhaitons concourir, autant qu’il dépend de nous, à l’avènement du règne des trois personnes de la Sainte Trinité, et, par là, nous combattons les trois grandes erreurs des temps modernes. Nous voulons aider à procurer:

I° Le règne de Dieu le Père. On ne veut plus de Dieu, on nie son existence, on professe la morale indépendante et on repousse la Providence divine. De là, les ébranlements de la société. La proclamation des droits de Dieu, de son souverain domaine sur toutes les créatures, tel est notre premier devoir.

2° Le règne de Dieu le Fils qui s’est fait homme et qui est, comme homme, le roi de l’humanité régénérée. Son règne est le règne de la vérité révélée; son royaume est l’Eglise, où Jésus-Christ Verbe éternel, vit d’une triple vie parmi nous: par la prédication de la vérité, par le Saint Sacrement, par son Vicaire, le Souverain Pontife. Voyez quelle seconde série de devoirs découle de ces principes : c’est la défense de la vérité révélée, le culte de l’Eucharistie, le dévouement au Saint-Siège.

3° Le règne du Saint-Esprit qui, par la grâce, nous introduit dans le monde surnaturel de la sainteté et nous en propose le modèle humain le plus parfait dans la Sainte Vierge, son épouse. La proclamation de l’ordre surnaturel, l’imitation des vertus de la Sainte Vierge, le service des Congrégations de femmes qui nous demandent aide et appui, telle est la troisième série de devoirs auxquels, pour être fidèles à notre devise, nous devons nous consacrer.

Règne de Dieu le Père dans l’univers, règne de Dieu le Fils dans l’Eglise, règne de Dieu le Saint-Esprit dans les âmes, telle doit donc être, ce me semble, la pensée mère de la famille de l’Assomption.

II

Position de l’Eglise dans le monde actuel

A ces considérations générales (1), j’en ajouterai deux autres, sur lesquelles vous me permettrez de revenir sans cesse : 1° la position à prendre par l’Eglise visà-vis des sociétés qui s’en vont; 2° l’initiative de l’Eglise envers la démocratie qui s’avance.

1° La position de l’Eglise envers les sociétés qui s’en vont. L’Eglise a toujours soutenu l’élément de l’autorité. C’est son principe fondamental. Elle ne peut l’abandonner, sans cesser d’être ce qu’elle est. Elle ne doit préparer la ruine de rien; elle doit tenir à ce qui est établi, alors même qu’elle en souffre. Tel est l’esprit de Dieu. Nous en avons des exemples trop frappants, lorsque nous étudions avec attention les livres des Macchabées. Nous y voyons les Juifs garder leurs serments même envers les princes qui les avaient asservis. Mais quand les guerres brisaient leur joug, ou bien ils portaient leur obéissance au vainqueur, ou bien ils gardaient leur liberté reconquise.

Ainsi fait l’Eglise. Elle ne désire la chute de personne. Mais si des bouleversements s’opèrent, elle les laisse s’accomplir et cherche à en profiter. J’en donnerai un exemple. Les révolutions déchirent les concordats en Italie, en Autriche, en Espagne. Croit-on que l’Eglise y soit pour quelque chose? Evidemment non. Mais quand le fait aura été accompli sans elle et même malgré elle, pourquoi ne chercherait-elle pas à en profiter et à tirer, de cette violente et révolutionnaire séparation entre elle et l’Etat, le bien qu’elle peut retirer d’un Etat moins parfait absolument parlant, mais relativement meilleur, au moyen de la liberté?

En résumé, ce n’est pas l’Eglise qui a fait le divorce; mais une fois [ce divorce] consommé malgré elle pourquoi l’accuser, si elle en profite? Qu’arrivera-t-il en effet? Les sociétés pourries tomberont dans l’abîme et l’Eglise, affranchie de tout lien avec ces cadavres, s’unira à des sociétés plus jeunes par des liens nouveaux adaptés à leur forme nouvelle. Et de là découle logiquement une seconde remarque.

2° J’ai dit : l’initiative de l’Eglise visà-vis de la démocratie qui s’avance. En effet, les rois s’en sont allés, les aristocraties disparaissent ou ont disparu, la bourgeoisie est bien faible contre le flot envahissant. Il est évident que la démocratie s’avance tous les jours plus forte, plus irrésistible à moins que, dans les plans providentiels, elle ne doive être écrasée par quelque despotisme inouï. L’Eglise doit-elle désespérer de l’avenir? Non, mille fois non. Mais, je ne saurais trop vous le répéter, mes chers Frères, il faut que nous nous fassions tout à tous. Et c’est pourquoi il faut que nous nous efforcions d’entrer le plus possible en relation avec le peuple. Et c’est pourquoi aussi il me paraît que nous devons nous porter, par tous les efforts possibles, aux oeuvres populaires. C’est par l’évangélisation des pauvres que l’évangélisation du monde a commencé. Soyons sous ce rapport fidèles à notre vocation.

III

Notre but plus particulier

Nous pouvons même dire ceci: les Ordres religieux dans l’Eglise ont eu chacun un but, et quand ce but a été rempli, leur mission a paru cesser. Eh! bien, notre but à nous, c’est:

1° D’aider l’Eglise, autant que nous en sommes capables, dans sa lutte contre le principe satanique de la Révolution;

2° De laisser tomber les vieilles sociétés condamnées, et, une fois les réserves faites par le Syllabus sur les grands et immuables principes d’autorité, d’accepter la liberté franchement, loyalement, pour une période dont nul ne peut prévoir le terme, et de montrer à la démocratie tout ce que le christianisme a apporté au monde de fraternelle et catholique égalité. Car, ne l’oublions pas, nous avons, nous, des égalités incomparables et dont l’égalité politique ne saurait approcher: égalité de naissance, à laquelle ne sauraient prétendre ceux qui nient l’unité de race; égalité sans doute dans le péché originel, mais égalité dans la rédemption; égalité dans l’adoption; égalité dans la nourriture, l’Eucharistie; égalité dans l’appel à la perfection : Notre-Seigneur déclare que c’est une affaire de volonté personnelle, si vis perfectus esse; remarquez: si vis; égalité dans les espérances; égalité dans le jugement. Là, il est vrai, commencera l’inégalité éternelle selon les mérites.

Vous le voyez, mes très chers Frères, ces pensées doivent vous encourager à porter vos regards au plus haut. Vous avez de magnifiques choses à accomplir, pour faire arriver le royaume de Dieu selon votre devise.

Notes et post-scriptum