- ES-0061
- DIRECTOIRE
- DEUXIEME PARTIE, DES VERTUS
CHAPITRE V, DE LA PRIERE - Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
- 1 DESIR DE LA PERFECTION
1 ESPERANCE
1 ESPRIT DE FOI A L'ASSOMPTION
1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
1 FIDELITE A LA GRACE
1 HUMILITE FONDEMENT DE VIE SPIRITUELLE
1 ORAISON
1 PRIERE DE DEMANDE
1 UNION A JESUS-CHRIST
1 VIE DE PRIERE
1 VIE DE RECUEILLEMENT
1 VOIE UNITIVE
I
La vie des Religieux Assomptionistes sera une vie d’oraison et de recueillement en présence de Dieu.
La prière doit être leur arme par excellence pour repousser les tentations, combattre l’ennemi du salut, triompher de tous les obstacles qui s’opposeront aux bonnes oeuvres. Ils s’estimeront heureux de faire des progrès dans la vie intérieure. La prière en étant le moyen principal, ils marcheront sans cesse en présence de Dieu, afin d’être parfaits; ce sentiment de la présence divine sera pour eux le principe de leur recueillement et de leur modestie.
Ils s’appliqueront à prier Dieu partout, afin de pouvoir adorer Dieu partout, et partout lui offrir des actions de grâces pour ses bienfaits ou des expiations pour les scandales qui nous environnent de toutes parts. Ils prieront surtout selon les intentions de Notre-Seigneur, trouvant leur bonheur à unir leurs prières à celles que le Pontife éternel offre sans cesse a son Père pour les pécheurs. Ils prieront pour tous les besoins de l’Eglise, et c’est dans cette prière de fils dévoués qu’ils s’exciteront à enflammer leur zèle pour l’extension du règne de Jésus-Christ.
Si leur prière est pénétrée de l’esprit de foi qui convient à des religieux, qu’ils tiennent pour assuré qu’elle sera plus puissante que tous les moyens humains inspirés par la prudence de la chair. Ils n’entreprendront rien sans s’être recommandés à Dieu, mais ils se souviendront aussi que rien n’attire les grâces d’en-haut comme la reconnaissance. Ils prieront pour remercier Notre-Seigneur de tout ce qu’il leur arrivera de bien ou de mal; car si, d’une part, tout tourne au plus grand bien de ceux qui aiment Dieu, de l’autre, l’Apôtre nous recommande de rendre des actions de grâces en toutes choses : [[ In omnibus gratias agentes. Rendez grâces pour toutes choses [1].]]
II
Quoique la grâce de Dieu, sur laquelle est fondée l’espérance du ciel, nous ait nécessairement prévenus, Dieu, qui nous accorde la grâce première de la prière, veut que nous lui demandions toutes les grâces dont nous avons besoin, même celle de le mieux prier chaque jour.
[[ Demandez et vous recevrez ]], dit-il. Nous devons donc demander, et plus nous demanderons, plus nous serons exaucés, pourvu que nous demandions bien. Dieu a la main pleine de bienfaits, il ne souhaite que de l’ouvrir sur nous; et, s’il la tient fermée, c’est qu’il prévoit que, mal disposés à profiter de ses dons, nous ajouterions, s’il nous les accordait, l’ingratitude à tous nos autres péchés. Il veut que nous désirions sa grâce; il veut que nous la lui demandions et que nous entrions dans les dispositions nécessaires pour en profiter.
La prière, considérée ainsi, est une aspiration de mon âme vers Dieu, le cri de mon indigence et de ma misère, qui part du fond de l’abîme de mes péchés et s’efforce de monter vers le trône de la miséricorde divine. La prière, à ce point de vue, demande surtout, mais elle peut expier et me purifier. Elle peut remercier des dons reçus, pour mériter d’en recevoir de plus abondants; elle adore aussi le Dieu souverain Maître de tous les biens, et lui-même, bien suprême par excellence; mais au point de vue de l’espérance, son but particulier est de demander. Mon âme doit se présenter à Dieu avec le profond sentiment qu’elle n’a rien et qu’elle tient tout de lui. Ce sentiment plaît à Dieu : il aime à exaucer le cri du pauvre.
Comment ai-je prié jusqu’à aujourd’hui?… Ai-je estimé la grâce le plus précieux de tous les dons, puisque c’est par la grâce que je puis mériter de posséder Dieu?… Ai-je fait attention à ne rien perdre de celles qui m’étaient accordées?… Ai-je apporté à ma prière toute la pureté d’intention nécessaire pour qu’elle fût agréable à Dieu?… Ai-je désiré sincèrement d’être exaucé?… N’ai-je pas eu quelquefois peur de la grâce, et, par conséquent, peur de la demander?… Ai-je prié avec persévérance?… Ne me suis-je pas bien souvent lassé de prier, parce qu’il me semblait que je n’étais pas exaucé?… Ai-je prié avec le respect suffisant?… Ne me suis-je pas bien souvent laissé égarer par mon imagination ou assoupir par ma paresse?… Et je trouve extraordinaire que Dieu ne m’exauce pas!
Ai-je le désir suffisant de posséder Dieu?… Ai-je un assez grand désir de m’unir à lui, de jouir de lui pendant l’éternité?… Suis-je résolu à faire tous les sacrifices qu’il exigera de moi pour obtenir de lui ce commerce intérieur qu’il accorde aux âmes fidèles à sa grâce, et qui serait un des gages les plus certains de mon union avec lui pendant l’éternité?